Après la ville, la culture, et pourquoi cette exposition sur Albert Camus à Aix-en-Provence ?
Parce que l’écrivain-philosophe, journaliste engagé et dramaturge, est né le 7 novembre 1913 à Mondovi (Constantine, Algérie) : d’où la célébration de ce centième anniversaire, et parce que le 13 avril 2000 Catherine Camus, la fille d’Albert Camus, et Jean-François Picheral, alors sénateur-maire de la ville, ont passé une convention pour le dépôt, l’entretien et la mise en valeur de ses archives dans un centre dédié à cette conservation.
L’exposition, ouverte depuis le 5 octobre, a lieu jusqu’au 5 janvier 2014.
Elle se tient, en face de la Cité du livre, dans la galerie Zola et frappe par sa richesse en termes d’iconographie et de documents rassemblés.
Mais devant cette abondance, on regrette l’exiguïté de l’espace où l’on circule au long des dix étapes établies sous forme thématique : Lieu (vie, voyages), Amitié (de jeunesse, René Char, Louis Guilloux, les Gallimard, Pascal Pia et filiations artistiques et littéraires, Balthus, par exemple), Métier (les métiers manuels, l’instituteur, et lui-même journaliste, écrivain, homme de théâtre), Jeu (le sport, le foot, le jeu théâtral), Langage (richesse, manipulation, « malentendu » ou exactitude), Guerre (père mort à la bataille de la Marne, Espagne, Algérie, « guerre froide »…), Histoire (engagement, n’être « ni victimes ni bourreaux »), Pensée de midi (équilibrer le oui et le non, comme dans L’Homme révolté).
La scénographie apparaît alors comme restrictive (les vitrines sont très petites) et peu « solaire » ou « méditerranéenne » (ambiance nocturne dominante) et les écrans vidéos qui projettent des citations ou images de Camus semblent soumis à un effet de mode plutôt qu’à une nécessité profonde. Les grandes photos du hall ont paradoxalement plus d’impact que ces clignotements permanents.
Un détail qui m’a gêné : les phrases comme murmurées au-dessus des écrans vidéos sont dites par Francis Huster dont la voix ressemble ici, bizarrement, à celle de Sartre !
Il est pourtant intéressant de revoir le parcours de l’existence de Camus, son acharnement sur l’écriture (ses corrections incessantes sur ses tapuscrits, parfois à l’encre bleue) : autrement dit, son souci du mot le plus « juste » possible comme reflet d’une pensée lucide et de combat.
(Toutes les photos peuvent être agrandies.)
(Darius Milhaud, À une fontaine)
[ ☛ à suivre ]