Que l’instance divine, le Créateur de toutes choses, l’Être suprême, l’entité absolue, le paradigme essentiel, le point presque ultime de toute réflexion, l’organisateur et l’origine de toutes les églises, mosquées, synagogues ou temples divers, le début de la sagesse et l’effroi, l’incompréhensible et l’inadmissible, le silence, le bruit et la fureur, le chef de gare des catastrophes et des cataclysmes, le conducteur d’orchestre des paysages paradisiaques, le manipulateur des rencontres, des séparations ou des décès, le grand chef des guerres (y compris celles de religion !), l’Éole qui souffle désormais plutôt le chaud que le froid, le vengeur masqué et le tueur débusqué, l’indicible ou l’invisible… se voie cloué au mur à Paris fait toujours sourire lorsque nos pas nous mènent presque quotidiennement ici.
Surtout si l’on sait bien qu’il s’agit d’un homonyme, certes haut gradé. Mais quand la plaque n’indique rien, on se plaît à Le voir ainsi ravalé au rang d’un simple donneur de nom à une rue, comme un général, un écrivain qui demande peut-être à être connu, un musicien, un inventeur, un scientifique, un magicien ou un propriétaire immobilier plein aux as à une certaine époque.
Qui rendra à la rue Dieu les fastes, stations, processions, cérémonies et encens que celui qui a été ainsi crucifié et sacrifié pour nous (à moins qu’il ne s’agisse de son fils, dit-on) est en droit d’attendre in saecula saeculorum ?
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(Bach, Variations Goldberg, Aria, Glenn Gould)