L’exposition Maryan, La Ménagerie humaine (fin : le 9 février), au Musée d’art et d’histoire du judaïsme de la rue du Temple, je l’ai visitée le 31 décembre après-midi de l’année dernière, mais j’avais par la suite laissé mes photos de côté, me demandant si j’avais envie d’en parler.
« La ménagerie humaine » avait trouvé en lui un de ses implacables metteurs en scène.
Car la vision de ces toiles, ces dessins, l’extrait du film Ecce Homo– réalisé dans sa chambre du Chelsea Hotel à New York avec Kenny Schneider, le 28 février 1975, 90’ en noir et blanc, et qui sera présenté au musée dimanche 26 janvier dans son intégralité – et ces carnets de croquis « psychanalysés », crée un choc, un état de sidération qui semble ensuite interdire de rajouter des mots ou des images sur ce que l’on a soudain découvert.
Le parcours de Maryan S. Maryan (de son vrai nom Pinchas Burstein) ressemble à une histoire incroyable : juif polonais, né le 1er janvier 1927, il est déporté à Auschwitz (il avait seize ans) puis « fusillé » par les nazis à Rzeszow (Pologne) où il est laissé pour mort, puis délivré par l’Armée rouge dans le camp de Blechhammer après avoir été blessé par des gardes et il est finalement amputé d’une jambe par ses libérateurs russes.
Il émigre en Israël, vient ensuite en France (1950) où il travaille dans l’atelier de Fernand Léger, puis s’établit à New York en 1962 et poursuit sa lancée à corps perdu dans l’aventure picturale – comme on se jette dans un puits – avec comme toile de fond, si l’on peut dire, son expérience de l’indicible, de l’horreur, du massacre et de la vie absurde (brièvement heureuse).
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