Dimanche 6 avril, il s’agissait d’arriver au Centre Pompidou avant la onzième heure, nos cartes d’abonnés permettant de squeezer la file d’attente qui serpentait déjà avec nonchalance sur la piazza Beaubourg.
Car Henri Cartier-Bresson attire la foule (il aurait sans doute aimé photographier les gens lui rendant visite), même si l’exposition qui lui est consacré depuis le 12 février dure jusqu’au 9 juin.
Ici, le parcours minutieux se veut chronologique et il panoramique d’un même mouvement sur les étapes de l’existence du photographe : dessins, peinture, chemin faisant avec les surréalistes, photo dès 1932 en compagnie d’André Pieyre de Mandiargues, cinéma engagé (assistant de Jean Renoir), guerre, création de l’agence Magnum (1947), reportages innombrables, et puis sur son style si personnel, inventif, furtif, fugitif et furetant, créatif, qui se paie la figure du monde à l’œil.
Non pas un « humanisme » béat ou bêtifiant mais l’attention à ce qui est le sel de la vie : le quotidien, le rôle et l’influence de la politique, le bonheur et le malheur, et alors l’imprévu, la rencontre, le hasard ou le coup de dé – ce dé à coudre sur la pellicule.
Pour cette déambulation parmi les quelque 500 photos, peintures, dessins, documents, il était possible (chose rare) de prendre des photos (« oui, mais sans flash »… qui aurait l’idée saugrenue d’en utiliser un ?).
Dans la poche de mon blouson, je disposais seulement de mon smartphone Samsung, avec sa définition plutôt limite : en fait, je devais vraisemblablement rêver d’un Leica, argentique ou numérique.
Mais j’ai aussi photographié, plus nettement, de mes yeux : le développement est en cours.
(André Pieyre de Mandiargues, 1933.)
(Leonor Fini, 1932. Toutes les photos sont agrandissables.)
[ ☛ à suivre ]