J’avais pensé à ce titre à cause de la rue de Paradis à Paris (10e), mais aussi à toutes celles qui lui sont adjacentes, perpendiculaires, parallèles, contiguës ou contingentes, celles qui serpentent avec paresse ou précipitation (comme la course rectiligne de la dénommée La Fayette), celles qui portent des noms qui ne sont pas ceux d’hommes ou de femmes célèbres, et il y a comme cela tout un enchevêtrement, un entrelacs (même près du canal Saint-Martin !), un écheveau léger où, effectivement, beaucoup de cyclistes croisent des piétons et des voitures et des bus et des camions et des motos et des scooters et de rares mobylettes et des véliplanchistes à roulettes et des amateurs de trottinettes et des pousseurs de poussettes et des patineurs rescapés malgré la mode passée et des personnes qui portent des béquilles ou s’aident d’une canne et c’est un peu une cour des miracles en moins ressemblante à un tableau de Brueghel, la roue paradisiaque de l’existence qui tourne dans la ville, celle-ci ou une autre, ce maelström où l’on ne croise en majeure partie que des inconnus, chacun poursuit son but, sa destination, sa destinée dans ce dédale saisi en un ou plusieurs instants par l’objectif photographique, et inscrit sur l’écran juste le temps qu’un autre regard s’en empare et l’oublie dès la « lecture » faite, car tel est ce système, ce procédé – Au nom de la loi du blog, avec Steve McQueen – voué à l’effacement, à l’éphémère, comme le sillage trop vite disparu d’un parfum aimé.
(Cliquer ou bouger les photos pour les agrandir.)
(The Modern Jazz Quartet, Midsummer)
[ ☛ FIN ]
et voici que le Paradis est encore là (et avec un fort beau texte) avec points de vue variés – merci
@ brigetoun : même le Paradis aurait une fin ?
J’espère qu’ils ne vont pas repeindre la porte, elle est magnifique.
@ Désormière : la parole est aux pinceaux.
Je pense au contraire que l’originalité de cette « observation-réflexion-invention » va au-delà de « l’instant fuyant » où des avaleurs distraits exultent avant d’oublier en vitesse.
Il faut considérer que les blogs — les meilleurs bien entendu, les blogs métronomiques — représentent un indispensable pont (ou une passerelle piétonne) entre l’ancien livre illustré et quelque chose de semblable qu’on pourra réaliser sur des supports informatiques.
Avant d’inventer le déclic invisible qui fait déclencher le film en 3D, on nous fournira , je crois, le moyen pour rassembler « en volume » (avec reliure en cuir parfumé) ces merveilleux et incroyables travaux.
La phase de la première lecture, dans un cercle d’ami, ce n’est qu’un essai.
Comme il arrive pour tous les livres « à retardement », le temps sera galant homme.
D’ailleurs, il suffit de regarder le tirant d’acier de la dernière photo pour se rassurer ‘ #ilnefautquattendre
@ biscarrosse2012 : on se pose toujours la même question (et ça doit faire partie du jeu, finalement)…
Il est possible que l’oubli soit aussi rapide que tu le dis, mais cependant, nul ne peut préjuger de la mémoire et des lieux et des images, il en reste toujours quelque chose et, en tous cas, cette promenade aux alentours de la rue de Paradis, la Bleue la Lafayette (nous y voilà) et les autres a eu vraiment quelque chose de très parisien, celui qu’on aime, urbain, sensible et gai (si on compte à l’actif de tous ces billets les apparitions -sonores- du MJQ qu’on adore, le tableau est parfait)
@ PdB : le MJQ joue certainement son rôle dans l’affaire !
Sur scène, ils arboraient des costumes noirs impeccables, comme leur musique.
je suis bien d’accord avec ces réflexions sur la barrière entre l’éphémère et le durable dans les blogs. oui, éditer peut-être une fois certains blogs pas forcément avec une reliure de cuir, mais comme de grands rouleaux nous ramenant à l’Egypte ancienne…
@ alainlecomte : on a tous quelque chose du scribe en nous…
Merci pour cette série très inspirée, très inspirante…
Si c’est Steeve McQueen qui fait régner la loi du blog, c’est Brueghel qui s’impose comme saint patron des diaristes, avec sa série Les Mois.
@ nanamarton : merci pour votre passage.
Concernant Brueghel (l’Ancien), vous en retrouverez un sur ce blog à… Gravelines, en date du lundi de Pâques.