Simple « brume » devant, comme l’acquiescement instantané à l’impression d’un soir parmi d’autres

Je me suis amusé à imaginer ce camion en noir et blanc, comme si la photo (style Brassaï ou Doisneau) datait de l’époque où, pour creuser le trou des Halles et son forum, à nouveau en chantier, on démolit les pavillons Baltard (deux furent sauvés in extremis, démontés puis remontés l’un à Nogent-sur-Marne, l’autre à Yokohama, Japon) : on perdrait évidemment la succession des teintes ajoutées à la verticalité de la typographie, assez rare sur ce genre de sculpture mobile.

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D’un coup de baguette magique, je redonne ensuite à ce Mercedes ses couleurs d’origine et je ne sais toujours pas s’il s’agit d’un « Xit » ou d’un « Kit » qui figure au-dessus du pare-brise. Il est seulement 18 heures 08, le manteau noir a déjà pris possession de son territoire (« plus rien ne s’oppose à la nuit »), j’ai juste eu le temps d’apercevoir la mention qui orne le pare-chocs, et le véhicule « utilitaire » démarrera une seconde plus tard : simple « brume » devant, comme l’acquiescement instantané à l’impression d’un soir parmi d’autres.

Kit2_DH(Paris, avenue Richerand, 10e, 6.12. Cliquer pour élargir.)

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14 réflexions sur “Simple « brume » devant, comme l’acquiescement instantané à l’impression d’un soir parmi d’autres

  1. brigetoun dit :

    ne saurait si c’est Kit ou non, moi non plus – sait que vos mots sont beaux (et réalise que oui je suis contemporaine de Brasaï du moins à un bout de sa vie, alors que je le vois dans la brume glorieuse de l’histoire)

    • @ brigetoun : un « vrai » noir et blanc (pris sur le fait) serait plus fort ou alors il faudrait « retoucher » la photo, ce que je ne suis pas capable ni désireux de jamais faire.

  2. louise blau dit :

    villes ou humains nous sommes tous dans la brume glorieuse de l’histoire et le N&B sied à la brume

  3. « Plus rien ne s’oppose à la nuit », et ces deux photos évoquent aussi le sommeil lourd qui accompagne souvent les réveils precoces, décidés le soir avant parce que… « il faut qu’on y aille ! »
    Et pourquoi ne pas profiter de ce fourgon qui partira demain pour K… ?

  4. Godart dit :

    Vos photos et vos mots font écho a une de mes lectures actuelles. Lors de l’exposition « Paris-New York » en 1977 au centre Georges Pompidou, Jean-Jacques Lebel écrivait sous le titre Des/ir, Des/ordre : « Considérez l’art du graffiti. A mes yeux c’est une des plus hautes formes de la créativité de notre époque. Cela ne se passe pas dans un musée, ni dans une galerie, mais dans le métro de Paris ou de New York, dans les chiottes de l’usine Fiat, à Turin-Mirafiori, dans presque toutes les chiottes de lycées, de high-school ou de gare. Cela n’est rentable pour aucun pouvoir, aucun parti, aucune église, aucune institution. C’est de la parole pleine, du désir pur toujours semblable et toujours différent comme le mouvement des flammes. L’industrie publicitaire, instrument stratégique du capital par excellence, ne parvient pas malgré tous ses efforts à en imiter la sauvagerie. Pour transformer en marchandise les graffiti qui ont littéralement envahi le métro de New York, il a fallu en faire des reproductions photographiques éditées en livre et préfacées, stupidement d’ailleurs, par Norman Mailer. »

    • @ Godart : Jean-Jacques Lebel est un redoutable tireur.

      Là est peut-être bien la différence entre le graffiti « spontané », libre et gratuit, et le « street art » qui fait maintenant l’objet – on emploie ce terme… à dessin – d’expos ici ou là (voir Miss.Tic ou Bansky).

      Difficile d’échapper à la récupération, sauf quand les nettoyeurs sont passés avant les marchands d’art !

      • Francesca dit :

        Miss.Tic dirait sans doute qu’il faut bien manger… Même un très grand artiste comme Ernest Pignon-Ernest prend des clichés de certains collages éphémères et les expose en galerie pour avoir les moyens d’en envisager d’autres.

        @ Francesca : il est sûr que l’art peut s’installer n’importe où et s’il permet de vivre, cela vaut mieux !
        Tout le monde, hélas, ne peut avoir… pignon sur rue ! D.H. 🙂

  5. Alex dit :

    Coup de chapeau à l’artiste qui a travaillé sur la carrosserie de ce camion !
    Toute une époque proche qui semble si lointaine, d’avant internet et le smartphone… Car, à l’intérieur de ces camions-œuvres d’art-maisons, trônait la passion de son occupant, le poste (Sony souvent) des radios libres… si possible la radio CB… plus ou moins autorisée… Aujourd’hui c’est incompréhensible, puisqu’on a Skype.
    Ces passionnés formaient une sorte de confrérie informelle internationale, et se retrouvaient au hasard sur les routes du monde.

    • @ Alex : la CB existe toujours puisque l’on voit souvent, sur la cabine de certains semi-remorques s’afficher, sous forme de plaque d’immatriculation, l’identité « radio » du conducteur : « Marcel 92 » ou « Coukicoq 25″…

  6. PdB dit :

    Mercédès, c’est un joli prénom… (un peu comme, au fond de l’image, Marie et Louise) (je croyais te voir dans le rétroviseur, droite cadre, mais tu t’es caché…)

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