(Cliquer sur l’image, prise samedi dernier à Paris.)
« (…) Oui, ces jeunes âmes surgissent devant moi : certaines sont devenues brutales, d’autres vont le devenir ; pour ma part, j’aime ces âmes meurtries qui cachent leur souffrance, car elle me rappellent la condition humaine à laquelle j’appartiens, dans laquelle je vis.
Tandis que je poursuivais la lecture de ces manuscrits, le soleil s’est couché et la lumière de ma lampe est venue le relayer. Une jeunesse innombrable défile devant mes yeux, cependant que la nuit descend autour de moi. Je suis fatigué : une cigarette entre les doigts, suivant le fil d’une pensée vague, je ferme doucement les yeux et m’abandonne à la longue contemplation d’un songe. Je me réveille en sursaut pour retrouver la nuit qui descend autour de moi ; la fumée de ma cigarette monte en spirale dans l’air immobile ; comme de légers nuages d’été, ses volutes déroulent lentement leurs insaisissables mirages.
10 avril 1926. »
Lu Xun, La mauvaise herbe, 10 x 18, 1975, introduction et traduction de Pierre Ryckmans (N° 943, L’éveil, page 119).
(Rue du Temple et rue Beaubourg, Paris, le 21.2.15. Cliquer pour agrandir.)
souriant sous la pluie
et même quand les costumes sont criards, un peu, on ne peut que sourire avec eux
et Lu Xun est délicieusement Lu Xun
@ brigetoun : bonne humeur !
bonne année dominique !
@ lanlanhue : À vous aussi ! Grâce à cette date chinoise, on peut sortir des conventions !
Magnifiques couleurs de vie et de joie, élaborées soigneusement tout au long de l’année ! Et l’année prochaine, ce sera encore plus beau !
Merci à la communauté chinoise de nous transporter sur une autre planète.
@ Alex : oui, l’audace dans les couleurs primaires, sans se tordre le ciboulot, fait plaisir à voir. La tradition plus forte, parfois, que la raison !
@ DH : en Asie, Inde, Chine, Japon, Indonésie, la théorie des couleurs n’a rien à voir avec nos théories. Dommage, Zao Wou Ki n’est plus là pour nous l’expliquer…
@ Alex : Tant mieux, sinon l’uniformité (pas seulement chromatique) règnerait partout ! D.H.
Oui,
des couleurs que l’on ose
et qu’en cette occasion
à contre temps de notre temps
vous rapprochez de nos yeux
(qui sait si dans les traductions futures la cigarette de Lu Xun ne sera pas gommée ?(sourire quand même)
@ Aunryz : la cigarette (remplacée par un brin de paille pour Lucky Luke !) est devenue l’emblème du mal absolu.
Il existe pourtant des films ou des pièces de théâtre où l’on ose encore en montrer quelques-unes en activité…
Vous m’avez fait repenser à l’épisode de l’affiche avec la photo de Sartre, censurée par la BnF lors de l’expo déployée, en 2005, à l’occasion du centenaire de sa naissance.
J’espère que Lu Xin a gardé, là où il est, des cartouches pour viser les bien-pensants et l’État qui, en France par exemple, s’engraisse sur les tuyaux de papier emplis de tabac malgré ses contorsions hypocrites avec la rengaine du « Fumer tue ».
@ Aunrys et DH : fumer du tabac, le pire des crimes ! Pourtant, Napoléon ne l’avait pas prévu dans le code pénal.
@ Alex : Il faut réactualiser ce petit livre rouge et rendre l’acte de fumer passible de la peine de mort.
Même si leurs couleurs sont plus primaires,
Je crois que ce sont les pandas que je préfère…
@ mchristinegrimard : le noir et blanc garde toujours son charme (et les pandas aussi ) !