Il faudrait savoir ce que l’on va faire d’elle : la remettre en ordre de marche, le dessus au-dessus et le dessous par en dessous, appliquer la jointure à l’endroit exact, emboîter le buste sur le bassin, faire adhérer l’ensemble, recoller, souder est sûrement déconseillé, le plastique fondrait, la chair deviendrait jaunâtre, ça baverait tout autour, non, pratiquer ça d’une manière chirurgicale, nette, propre, au bistouri puis aux fils que l’on n’enlèverait jamais, ils seraient cachés par les habits car cette fille doit avoir froid (même si hier le temps s’était réchauffé avec ce ciel bleu, ce soleil, cette circulation alternée déjà terminée), il faudrait qu’elle se couvre, s’habille ne serait-ce que d’un rien, c’est le printemps après tout, un petit chemisier framboise, une jupe grise, des chaussures à talons plats, une petite écharpe noire en coton, et puis d’un coup de baguette magique elle quitterait ce lieu peu fréquenté, elle irait jusqu’à la place de la République où une autre statue contemple – mais de manière impavide – l’évolution du monde où la Kalachnikov a remplacé la discussion diplomatique (il faut toujours que les abrutis veuillent en découdre) et irait se balader tranquillement, d’un pas léger, on se retournerait sur son passage et ses jambes fuselées, on aurait l’impression qu’elle vient d’un autre univers placé à rebours dans le temps, elle paraît quand même pâle de figure malgré son rouge à lèvres Guerlain, comme pour nous rappeler que la beauté élève l’âme, c’est peut-être une envoyée de Platon parvenue secrètement ici, découpée ou démantibulée puis réconciliée avec l’existence.
(Paris, hier, rue Amelot, 11e. Cliquer pour agrandir ces photos.)
(Claude Debussy, La Fille aux cheveux de lin, interprétation par Lang Lang)
et on l’enverrait à la recherche de la moitié manquante de son ami et voisin un peu plus bronzé
@ brigetoun : mais lui, il manque de jambes…
La fille aux cheveux de lin,
La fille aux bas nylon,
La fille aux yeux couleur menthe à l’eau,
Toutes les hypothèses sont ouvertes quand vous laissez libre cours à votre imagination !
Merci aussi pour nous faire commencer la journée avec Debussy !
@ mchristinegrimard : ce Debussy (dans les Préludes) a tout d’un « tube » : hélas, France Musique, en tant que simple radio, serait vouée à disparaître à terme…
Délicat, ce morceau de Debussy, Les démembrements semblent à la mode car finalement, les « abrutis » se propagent à la vitesse grand V !
@ gballand : c’est comme ce « crabe » pris en photo hier !
Une femme pathétique …
@ peintresetpoetes : une mini-symphonie, alors.
Une et indivisible.
@ Désormière : ne pas se (con)fier aux apparences !
La mienne est en bien plus piteux état Charlotte sens dessus dessous.
@ Defrancoisjose : après « La femme 100 têtes » de Max Ernst, l’ambition est un peu plus réduite mais charmante !
Vague souvenir d’avoir lu l’histoire d’un type fou amoureux d’un mannequin de vitrine…
?
@ Francesca : il y en a quelques-unes ! Sans compter celles où le mannequin est un automate…
@ Calypso : des titres !
@ Francesca : ou un film comme Noisy Requiem… ?
@ D.H. : Rouge Guerlain ou rouge COCO ?
@ Calypso : je préfère nettement le Rouge G de Guerlain (enfin, je ne l’ai jamais acheté !…).
Oui, mais rouge coco, on imagine le Laguiole entre les dents !…
@ Calypso : ceci est contradictoire avec la réponse que vous faites plus bas à Catherine Désormière sur le passé collabo de « Mademoiselle Chanel »… D.H.
@ D.H. : l’image du « rouge » et du couteau entre les dents (du « coco ») appartient à l’imagerie anticommuniste et/ou fasciste des années trente. Il existe des photomontages bien connus sur cette question. Le Laguiole n’était là que pour souligner le côté bobo de la pub. Il existe dans un registre voisin une marque de mode masculine qui s’intitule « Commune de Paris »…
@ Calypso : je crois avoir compris cette allusion… D.H.
Puisque nous en sommes à la rubrique « blog & pub & littérature », moi c’est Chanel, rouge allure, n°104.
Et le livre dont je me souviens raconte l’histoire d’un homme qui tombe amoureux de la voix de son GPS ( La vie très privée de Mr Sim, Jonathan Coe). On n’arrête pas le progrès !!
@ Désormière : j’avais vu le film Her, de Spike Jonze, où le héros (Joaquin Phoenix) aime la voix d’une fille invisible : mais il y a une seule idée dans le scénario et c’est lassant à la longue, car on aime bien voir Scarlett Johansson.
@ Désormière : Coco Chanel, ex-agent de l’Abwehr…
Merci d’avoir cité Platon, Dominique ! Le regard humain n’a plus évolué depuis et la réalité lui échappe de plus en plus. 😉
@ Sorcière : certes, le monde n’est guère « platonique » en ce moment.
Rassurons nous
toutes ces pièces sont interchangeables
et
comme nous le seront bientôt
tous les assemblages sont possibles
y compris en hybride
Rat … comme aux dés
@ Aunrys : tout est dans le lancer.