(cliquer sur l’image et le petit haut-parleur)
J’avais filmé, et diffusé juste après, ce Vine sur Twitter le 27 avril, c’était la rencontre imprévue – donc improbable – d’un petit musicien assis dans la rue Beaurepaire (Paris, 10ème) et d’une jeune fille qui portait une guitare sur le dos.
Entendue au loin, la musique d’accordéon m’avait donné l’idée de filmer celui ou celle qui en était à l’origine. Au moment où j’apercevais l’enfant, qui, au lieu d’un simple bout de carton avec l’inscription habituelle « Pour manger, SVP », offrait quelque chose en échange, je remarquai que la musicienne s’arrêtait au bord du trottoir et cherchait son porte-monnaie.
J’enclenchais alors mon smartphone, elle traversa la rue, je la suivais (elle avait des bas ajourés comme des pauses sur une partition), puis elle repassa devant l’objectif pour aller déposer ses quelques pièces d’euros : ce mouvement de balancier – ou de métronome – ne durerait pas plus de six secondes : le « V » final s’inscrivait déjà sur mon écran carré.
Une fois encore, je remerciais le hasard malicieux, la concordance des temps, l’harmonie de la rencontre, le coup de baguette (musicale) magique.
Mais tout cela, ces explications pour une vidéo minuscule, n’est-ce pas, en réalité, nettement exagéré ?
(cliquer pour lire les tweets de Marie-Christine Grimard et Giovanni Merloni.)
musicale rencontre de musiciens – bravo
et superbe tweet de Giovanni Merloni
@ brigetoun : je me suis dirigé vers ce lieu à l’oreille…
« elle avait des bas ajourés comme des pauses sur une partition » : une comparaison qui me plaît bien. On pourrait imaginer une chanson… dont la musique serait composée par le petit accordéoniste 😉
@ gballand : je crois qu’on appelle ça des « échelles », non ?
Oui, une petite chanson sur cette rencontre, style « un gamin de Paris »… (même si c’est plutôt triste comme situation).
Quand les poètes travaillent de concert… on reste coi puis on s’incline. Grand merci aux paparazzi de l’éphémère !
@ pascale : parfois, la chance court les rues…
La vitalité insoumise de la rue au jour le jour, ici à Paris ressent toujours d’un peu de désespoir et mélancolie d’où se dégage une force qui va au-delà de l’allégresse insouciante et fataliste des rue de Naples ou de Rome, par exemple. Il y a ici l’esprit citoyen, je veux le dire sans rhétorique, dans le petit accordéoniste comme dans la jeune étudiante !
@ biscarrosse2012 : hélas, la quête dans les rues et le sommeil à même le trottoir semblent se multiplier dans cette ville (sans doute citoyenne à d’autres égards)…
Il est bien jeune, cet accordéoniste, en survêtement – assis sur une glacière de camping, au milieu de sacs poubelles – sans doute un enfant manouche – peut-être un virtuose, un futur Django –
C’est un tableau pour Murillo, ou un roman pour Victor Hugo.
@ Alex : oui, la misère n’a pas d’âge (ni de nationalité)…
Peut-être un futur Richard Galliano ?
Sans doute petit roumain, peut-être futur virtuose de métro comme certains.
Ce sont des adultes qui ont dû lui attribuer cette place de trottoir d’où il ne bougera que lorsqu’ils viendront le chercher pour ramasser le fric… Cette exploitation met en colère mais bien sûr on fait comme la jeune fille, on donne : pour encourager le musicien et le remercier de ce moment musical !
@ Francesca : musique en migration… 😦
Probablement une nouvelle forme d’esclavage à l’actif de notre monde où les hommes errent comme des boules de flipper. La musique ne devrait être qu’un support du plaisir et un lien universel permettant à chacun de comprendre et de partager les émotions de l’autre sans avoir besoin de connaître ses mots.
Cette scène laisse un goût amer dans le cœur, celui des larmes.
Dickens, Hugo, Goya, Murillo, Zola ne seraient pas dépaysés dans notre présent !
@ mchristinegrimard : instantané de la réalité urbaine.
La musique peut être dévoyée (on l’a connue militaire au service des dictatures), et ici elle n’est qu’un appât tout en gardant malgré tout une forme de résistance à son asservissement – ou à celui qui est obligé d’en jouer dans une telle situation.
Merci pour votre passage sensible !