– C’est toi ?
– Oui, c’est moi.
– T’es où ?
– À Bray-Dunes.
– Mais qu’est-ce que tu fais là-bas ? Je me suis demandé toute la soirée pourquoi tu n’étais pas rentrée…
– J’ai eu l’envie de faire un tour ailleurs.
– Tu as lavé la voiture, au moins ?
– T’inquiète ! Même si j’ai trouvé des choses bizarres…
– Ah bon, mais quoi ?
– Tu le sais bien, Jean-Marc, le toit enfoncé avec ces traces de sang…
– Je t’expliquerai plus tard, et pas malin d’en parler au téléphone !
– Tu as revu Les Affranchis de Scorsese sur Arte, dimanche soir ?
– Non, connais pas et je ne vois pas le rapport.
– Laisse tomber !
– C’est le cas de le dire.
– Très drôle.
– Tu fais quoi, dans ta ville balnéaire, et tu comptes rentrer quand à Bailleul ?
– Je me fais dorer la pilule, je profite de l’air pur et vivifiant, ce soir je mangerai des moules et des frites, je boirai de la bière belge, et j’ai envie d’y rester plusieurs jours, j’ai besoin de vacances, tu imagines ?, et de mettre quelques vagues entre toi et moi…
– Ce n’est pas le moment de plaisanter : j’ai un sérieux problème à régler et il faudrait que tu me ramènes la voiture.
– Tu vois, je n’ai pas l’intention d’aller chez un carrossier, pour l’instant, elle me sert à me déplacer (on l’a achetée ensemble), c’est devenu comme une amie et quand je branche l’autoradio, elle me parle gentiment !
– Écoute, je te laisse, appelle-moi demain sans faute, mais depuis une cabine téléphonique (si tu en trouves une), j’ai des trucs importants à te dire.
– OK, ciao !
J’ai reposé alors le téléphone sur la table de nuit, j’ai repris mon livre Constellation (1), et j’ai poursuivi la lecture de ce vol qui serait interrompu brutalement avant d’arriver à New York. Il me plaît bien, avec sa galerie de personnages tous embarqués dans le même navire (si l’on peut dire), et soumis au « hasard objectif » d’une catastrophe, le 27 octobre 1949, en forme de ring à la place d’une piste d’atterrissage.
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(1) Adrien Bosc, Stock (2015)
(Bailleul, Nord, 16 octobre. Cliquer pour agrandir.)
(Count Basie, Moten Swing)
[ ☛ à suivre ]
Un dialogue qui swingue, mais tout de même, ces traces de sang font tache 😉
@ gballand : là est la question.
suivons
@ brigetoun : merci 🙂
embarqués sur le même radeau du hasard objectif… c’est une opportunité oui…
@ lanlanhue : André Breton fait une apparition dans ce livre, vers la fin…
Il fallait y penser, aller à Bray-Dunes pour rompre au téléphone avec son mec… A sa place, je franchirais la frontière, et j’irais m’installer en Belgique.
@ Alex : je ne sais si elle a un des ambitions fiscales… mais elle pourrait retrouver, dans un quartier un peu périphérique de Bruxelles, une assez nombreuse communauté française.
…et les amateurs de frites.
@ Alex : mentionné dans le — 3 — (car il n’y a pas qu’en Belgique !). D.H.
Il est pas clair ce Jean- Marc avec son trou sanglant … ».courage fuyons » mais en bus
@ Arlette : une enquête s’impose…
N’ai pas lu Constellation, mais les disparitions dans le triangle des Bermudes n’ont pas toutes eu d’explication rationnelle. On attend celle du trou sanglant dans le toit…
@ Francesca : peut-être, ici, une histoire de bermuda ? 🙂
Pourquoi donc garder ce vrai fil à la patte que constitue un tél mobile quand on veut prendre le large ? Tout n’est -il pas déjà bien assez lié ?
Je regrette les cabines téléphoniques qui peuvent désigner l’appelé mais pas l’appelant ! 😉
@ Sorcière : mais si on veut appeler quelqu’un d’autre ?
Sur la plage, il y a aussi des cabines (généralement plus bariolées)…
Bon, comme elle n’est pas sortie, je quitte la plage..J’attends de la voir se diriger vers une cabine téléphonique.. Me semble étrange le compagnon…
@ Anna2B : maintenant, elle est sortie…