De l’autre côté des vitres du gymnase du collège Louise Michel, collez vos papiers, vos dessins, vos bonhommes, vos portraits, vos pantins, vos copains, vos maisons, vos couleurs, à côté la voyance voyage, elle n’est pas toujours noire, il ne s’agit pas de magie, ses oreilles sont bouclées, son imagination ouverte, pure et précise, il arrivera ceci quand cela adviendra inéluctablement, je vois beaucoup d’amour et quelques catastrophes, vous naviguerez entre les deux, tenez-vous bien fermement comme La Femme au Podoscaphe (1865) de Courbet, ou débéquillez une splendide Triumph, mettez un casque et un scaphandre, faufilez-vous entre les sur-marins du périphérique, allumez les warnings, vous n’avez pas besoin d’un périscope, vos yeux sont des phares longue portée, klaxonnez les conducteurs inattentifs et tranquilles, assis dans leurs caisses à roulettes avec des carreaux teintés pour jouer aux personnalités politiques ou médiatiques, Wim Wenders pourrait à notre plus grande joie refaire un film dans le style Paris, Texas, et oublier sa photo publicitaire pour des lunettes, mais en attendant nettoyez, vidangez, votre 4 x 4 sort au moins de l’ordinaire, astiquez, faites briller, le soleil demande des surfaces supplémentaires où se refléter, puis installez-vous sur cette petite terrasse rue des Vinaigriers, laissez la trotteuse du temps faire son office avec une constance jamais démentie, et traversez enfin le pont tournant de la rue de la Grange-aux-Belles au-dessus du canal revivifié, alors regardez attentivement, il est là, même un peu esquinté, le petit homme blanc, avec un rendez-vous (peut-être sur Mars) fixé au 24:7.
(Paris, 10ème, 27 avril. Cliquer pour agrandir les photos.)
(Ry Cooder, Paris, Texas)