La navigation se poursuit en eaux pas tout à fait troubles. Par moments, les berges sont attaquées à la fois par les flux laissés par certaines embarcations motorisées en chevaux-vapeur pétaradant, et par des rats musqués dont notre guide nous apprend qu’ils peuvent être mangés, une fois capturés, par qui en possède le goût.
Bientôt, nous passerons devant un adorateur de Boudha et puis la barque poursuivra son petit bonhomme de chemin – dans un silence où manque, ou ne manque pas, le chant de ce terrible Charon qui nous hante depuis la vision du film Shoah de Claude Lanzmann.
L’eau paresseuse (peu de courant, sinon presque alternatif) s’étend, s’extravase et la proue qui nous montre la direction – alors que nous sommes tous (neuf, au total), sauf le barreur et guide, revêtus de gilets de sauvetage comme des « migrants » qui ne risqueraient rien – et fend la masse liquide verte, au détour des virages et carrefours innombrables du labyrinthe aquatique.
Un facteur à l’ancienne pratique toujours la tournée en barque (il n’a pas encore été affecté par la Poste à faire passer le Code de la route).
Des oiseaux de différentes espèces survolent rapidement ces excursions étrangères dans leur territoire.
(toutes les photos sont agrandissables.)
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