Je publie ici la contribution de Jean-Pierre Boureux à « La Ronde » du 20 novembre, pour laquelle j’ai été invité par Jacques d’Anglejan.
Mon texte et la photo l’illustrant se trouvent sur le blog de Dominique Autrou, ainsi que toutes les explications indispensables.
Voici la liste des participants :
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Il était cinq heures du soir dépassées, selon la place des aiguilles sur le cadran monumental. « Ouvrez le ban ! » retentit.
La lumière baissait dans la cour d’honneur du château et les soldats tenaient l’alignement parfait dans leur tenue d’apparat, chamarrée, clinquante. Tous portaient admirablement la gloire de l’Empire et celle de leur régiment, dans leurs têtes, sur leurs brandebourgs, leurs shakos emplumés. Les Aigles criaillaient, m’a-t-il paru, sur les hampes, les étendards, les plaques de harnachement. Je m’envolai.
J’ai songé à mon petit village, ma famille, mes amis. Jamais depuis cet écart perdu je n’aurais pensé un jour me trouver là où je suis à cette heure, lue sur les aiguilles noires, bleutées par le traitement spécial maîtrisé par le maître orfèvre, bien haut sur le tympan.
D’un coup les ailes et le corps central du château s’emplirent des accents aigus des trompettes, clairons et fifres qu’ils renvoyèrent en échos, bientôt confondus dans celui d’une salve d’honneur fulminante dont la fumée rebondit sur la peau frappée des tambours. Des cavaliers de chasseurs à pieds de la garde envahirent l’espace, oriflammes déployées, chevaux encensant et piaffant, sabots sonores sur les pavés.
Je fus appelé, avança. Le colonel me félicita et me remît le premier prix. Fanfare, honneurs. Dans le rang je serrai fort cet extraordinaire cadeau remis lors de la montre, une montre.
« Concours de 1860 / 1er Prix de tir offert au S-Major Bègue par les Offrsdu Baton de Chars à Pied de la Garde »
P.S. l’objet est une réalité matérielle, le récit imaginaire.
Texte et photo : Jean-Pierre Boureux
ne peux voir ce genre de montre sans avoir envie de me l’approprier
Malgré leur parfois grande beauté, les montres me rebutent en marquant le temps qui passe et je les déteste autant que les calendriers.
Mon grand-père avait la coquetterie de vouloir porter encore ce genre de montre.
La montre au poignet a été inventée pour les combattants de la Guerre de 14-18.
Temps figé d’un tir
Les accents aigus peuvent isoler une heure grave.
Bravo ! Et quel était le modèle de fusil de cette époque ?
@ ifrisch : le chassepot.