(photos prises le 8 décembre. Cliquer pour agrandir.)
Somptuosité permanente des paysages (où coule une rivière), abrupts rochers dorés, canyon menaçant et apaisant à la fois, aigles survolant l’immensité et puis la course du canoë de l’ornithologue qui échoue et se retrouve sur terre après avoir été dans le ciel grâce à ses jumelles qui représentent son appendice visuel, et alors un monde où le fantastique, l’étrange apparaissent – visions mentales ou réelles ? – avec la rencontre de deux touristes chinoises puis d’un Jésus laïque et la colombe blanche blessée et réparée (points de vue en plongée de celle-ci sur son médecin d’occasion qui lui pose une attelle), plans incessants des rapaces qui planent, surveillent, s’aiment, couvent, décollent et se posent comme des avions vivants, musique envoûtante, Antonio (imposant Paul Hamy) porte le prénom d’un saint de Lisbonne, explorateur et patron des naufragés, il apparaît comme figure double (celle du cinéaste lui-même) ou dédoublée d’où jaillit le sang réprobateur d’un acte manqué ou imaginé, douceur de l’énonciation de la langue portugaise tandis que le sifflet du gardien du troupeau d’ovins se retrouve au tour du cou du spécialiste en même temps que son couteau meurtrier, danse costumée dans la forêt lors d’une célébration païenne, il semble qu’il ne faille pas déranger la faune là où elle vit et prospère, la ville de Padoue ouvre alors une autre perspective et saint François d’Assise, si proche dans cette fable comme dans l’Histoire religieuse, s’éloigne lui aussi.
L’Ornithologue, mis en scène par João Pedro Rodrigues, est un film à grands battements d’ailes où la liberté spatiale et spirituelle laisse des ondes répétées s’étendre sous forme de répliques, bien après que l’on a été embarqué dans sa descente et son élévation si rapides et caressantes.
(Une rétrospective de l’œuvre de ce cinéaste a lieu en ce moment à Paris, au Centre Pompidou.)