Aujourd’hui, 15 janvier, La Ronde, autour du mot « AUBE ».
Principe : le premier écrit chez le deuxième, qui écrit chez le troisième, etc.
J’ai le grand plaisir d’accueillir ici Hélène Verdier, dont on peut feuilleter le carnet photographique et littéraire sur le blog Simultanées.
Et je me rends chez Franck, qui m’a invité sur son blog intitulé à l’envi.
Merci à eux deux, et merci à tous ceux qui font la ronde.
La liste complète des participants à La Ronde de ce jour se trouve juste ci-dessous :
chez Guy
chez Jacques (jfrish)
chez Elisabeth
chez Noël
chez Hélène
chez Dominique H.
chez Franck
chez Marie-Christine
etc.
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Le Saule
De jour comme de nuit je voyais dans ce coin de jardin comme une nuit rhénane et j’y croisais sans cesse des fées aux cheveux verts. Les branches-lianes du saule parées de feuilles crues caressaient la surface de l’étang et j’aimais plus que tout lorsque soufflait la brise suivre des yeux leur balancement silencieux. Je voyais aussi dans le O formé au ciel par les branches de l’arbre comme une bouche ouverte, la trace d’une langue venue du fond des temps. Une forme, un son, un fossile des phrases et des voix dont on ne sait plus rien.
1er janvier 2017. L’hiver, les cheveux nus étaient d’or. Jusqu’à cet aube-là où je les vis, comme jamais, blanchis de givre, en sublime beauté.
12 janvier 2017. Le vent s’était levé. Nous dînions. Et puis le vent forcit. Les vitres tremblaient, la cheminée grinçait. Quelques clignotements. La lumière s’est éteinte, est revenue quelques instants et puis l’obscurité. Soudain un bruit dont la durée parut interminable, fait de sifflements, de craquements avant de s’achever dans un grand tremblement, un choc, comme le rebond d’un corps en convulsion. Je songeai au tilleul immense, si beau, si vieux. Le cœur glacé. La nuit était opaque. Il faudrait attendre le lendemain. Et je tenais à ne rien connaître du désastre.
13 janvier, à l’aube. Il y avait dans le paysage familier un grand vide. Un grand frêne déraciné par le vent était venu faucher le saule. Il ne gisait au sol qu’un grand fouillis de branches et le tronc du frêne qui faisait comme un pont par-dessus l’étang.
Il ne restait plus qu’à contempler le reflet du ciel vide, l’arbre-pleureur absent sur le miroir de l’eau et au sol dans l’herbe verte les cheveux d’or du saule. Emmêlés.
Il me fallait regarder les arbres, le ciel, saisi par cette heure indicible, première du matin.
à Ernest Delahaye
à Charleville.
Parmerde, Juinphe 72.
A.R.
(lettre)
texte et photos : Hélène Verdier
et une flache
et Rimbaud qui visiblement nous poursuit nous entoure dans cette ronde : … »c’est la flache / Noire et froide »
merci Brigitte
Aube de deuil sur vent meurtrier, où les autres arbres de l’étang pleurent leur ami le saule. Merci pour ce texte émouvant.
merci Marie-Christine, les arbres, sans doute parce qu’ils touchent à nos généalogies, ont quelque chose d’humain… ils pleurent et on les pleure
superbes photos qui nous cueille dans notre première patrie : l’émerveillement
aubes en pavanes pour une nebbia en coïncidence
merci pour la nebbia
Douleur végétale joliment contée.
les arbres ont de grandes douleurs, merci pour votre commentaire
1ère photo très belle, la 2ème, le reflet dans la mare, sublime,
Emouvante poésie en prose, sur la funeste disparition d’un arbre.
oui, beaucoup de tristesse
merci Alex
(ultime pleur, mais le tilleul en résistance)
et lui qui a l’âge de la maison peut-être (275 ans) mérite de lui survivre n’est-ce pas ?
(ne parlons pas de nous)
Dans ma tête, l’arbre est un homme et l’homme est un arbre…un arbre peut vivre 1000 ans et plus, beaucoup plus, il est une mémoire vivante, si on savait seulement lui parler et l’écouter !
En avril 2008, des chercheurs de l’université d’Umeå (Suède) annoncent la découverte d’un épicéa, Picea abies, nommé Old Tjikko, qui mesure 40 mètres de haut, dont le système de racines serait âgé de 9 550 ans. La datation a été faite par la méthode du carbone 14. Cette découverte a été faite sur le mont Fulu en Dalécarlie (Dalarna en suédois), dans le centre de la Suède[3].
L’if de Fortingall, dont l’âge est estimé à entre 2 000 et 5 000 ans, est le plus vieil arbre d’Europe[4].
Le plus vieil arbre vivant connu sur Terre, hors système racinaire, fut pendant longtemps un pin de Bristlecone, Pinus longaeva nommé Mathusalem, qui aurait près de 4 700 ans et se trouve en Californie à plus de 3 000 mètres d’altitude. Sa localisation précise reste cependant secrète afin d’éviter tout acte de vandalisme. Un autre encore plus ancien, surnommé Prometheus a été abattu par erreur en 1964 alors qu’il avait 4 900 ans. Un Pinus aristata américain passe également pour avoir environ 4 700 ans, et un cèdre japonais 5 200 ans. Le plus vieil arbre non clonal actuellement connu est découvert dans les Montagnes Rocheuses en 2012 et est âgé de 5 063 ans, il s’agit d’un pin Bristlecone.
Bien d’autres peuvent prétendre au titre de champion dans leur essence ou variété ou dans une région, un pays ou un continent. Au Sri Lanka, on trouve un banyan sacré qui atteindrait 2 200 ans et dont la légende raconte qu’il aurait été touché par le Bouddha, bien que ce fait soit anachronique. L’âge de certains séquoias approcherait les 2 700 ans. Un cyprès de la ville d’El Tule au Mexique aurait quelques milliers d’années.
(Wikipedia – Arbre remarquable -)
Le chant du Saule, il y a du Lamartine qui penche sur les reflets Rimbaldiens ridulés par le souffle Apollinien…
Dans le vieux parc solitaire et glacé
Deux formes ont tout à l’heure passé
(poursuivre l’anthologie)
[…] : Dominique A., puis Guy, puis Jacques, puis Élise, puis Noël, puis Hélène, puis Dominique H, puis Franck que j’accueille sur ma […]
Belle ronde où l’on est vite entraîné, longtemps, pour musarder ici et là, sans bien savoir qui est celui-ci ou celle-ci (on tâtonne sur les initiales si l’on n’est pas du « sérail ») mais dont le blog amène à un autre, tous très beaux… Merci !
Ces arbres compagnons, oui nous les pleurons. Comme nos disparus ils laissent un vide, tant physique que psychique. Ceux qui viennent après nous ne peuvent le jauger avec vérité.