Du cuir noir où reposer les mains vitre perlée aux souvenirs le fleuve souverain file sur la droite j’aime les villes aqueuses et les ponts libres pas encore encombrés de marchands de Venise et bientôt de Paris les essuie-glaces jouent les métronomes automobiles silencieux ou crissant parfois sur l’écran panoramique en verre les phares tentent d’effarer de l’autre côté les catadioptres ressemblent aux yeux rouges des photos flashées à l’ancienne le moteur de la Toyota hybride tourne souplement simplement le chauffeur ne parle pas taxi driver idéal avec musique douce dulcinée l’habitacle convierait à l’envol il suffit de suivre l’écran pour ne pas se tromper de voie joli cocon roulant chaleur ambiante dehors les quatre tours de la BnF se font face en carré on les déchiffre à livre ouvert mais les pages tournent à toute vitesse les lettres se mélangent un sabir inconnu ou borgésien s’en élève des avertissements sur la fin du monde ou les catastrophes train contre autocar migrants poursuivis dans la neige française le Président résident à Chambord comme dans la série des si belles Versailles imitant les voitures américaines on n’en croise plus hélas elles sont parties au cimetière des compressions à la César il en reste des photos comme des plaques d’immatriculation funéraires la circulation routière imite le sang et les véhicules sont des caillots un peintre rabotera un jour tout ça même si la peinture à l’huile c’est plus difficile.
(photos du 15.12. Cliquer pour agrandir.)
(Bernard Herrmann, thème du film Taxi Driver.)
flot de voitures et lumières dans la nuit et superbe flot de mots pour dire le flux des jours que vivons
@ brigetoun : Fiat flux ! 😉
Elle a tout dit
@ colorsandpastels : il vous reste les couleurs… D.H. 🙂
Taxi driver ou l’art de conduire sans ponctuation 😉
@ gballand : la prochaine fois, j’essaie l’écriture inclusive… 🙂
Longue phrase de 15 lignes, longs temps passés dans la circulation automobile avec la pensée qui fonctionne autrement, longueur des nuits de décembre en attendant le solstice de la fin de l’année…
@ Alex : le jour aurait déjà remplacé la nuit, si j’en crois l’horizon urbain… 🙂
Un délire urbain avec des mots incisifs pour trancher le rythme de nos vies…
@ Domi Amouroux : des mots qui se sont enchaînés avec les voitures (merci à vous !)… 🙂
Ambiance photos carrément polar. Pour les raboteurs de parquets, les dents longues de certains devraient faire l’affaire. Le tableau est superbe.
@ Godart : merci.
Notre président bien-aimé Macron s’entretient la dentition à Chambord, où le nouveau garde-chasse en chef est Augustin Romanet de Beaune, ex-président de la Caisse des Dépôts et Consignations puis PDG d’ADP : manière d’atterrir sans « casser du bois » (sauf de cerf). 😉
C’est dans les rangs de la macronie que l’on devrait faire une battue de régulation…
@ Francesca : Le terme de « chasse à courre » est désormais banni (le langage orwellien progresse jour après jour), mais pas la distraction des PDG en goguette et en manque de tirer un coup… 😉
On peut plussoyer?
@ colorsandpastels : OK. 🙂
(en retour du marché pour les mésanges ? ) quelle beauté que ces photos de nuit (comme disait bohringer père)
@ PdB : non, une autre destination : Charenton (mais pas le lieu où Sade fit un séjour).
Le nom du père Borhinger m’a toujours fait penser à une brasserie de la Bastille (ouverte jusqu’à minuit)… 🙂
Les âmes sensibles ne sont pas pour la chasse.
@ Alex : Mais que pense Nicolas Hulot des « chasses présidentielles », en tant que « terrain de jeu » (non pratiqué, je crois, par le Président) ? 🙂
Chic, on entendrait presque le bruissement feutré de la transmission automatique !
@ Dom A. : il manque aussi le silence abrupt du moteur à l’arrêt de chaque feu rouge (bizarrerie de l’hybridation !) puis son redémarrage… 🙂