Observatoire personnel de la pauvreté /1\

À l’heure de la disparition programmée, début 2020, de l’Observatoire national de la pauvreté et de l’exclusion sociale (Onpes), puisqu’il n’y aurait apparemment plus rien à signaler, j’ai pensé relever moi-même quelques signes, non pas de « radicalisation » – même si on peut apercevoir aussi certains « barbus » couchés – mais de dévitalisation humaine dans Paris ou ailleurs, et qui ne semblent appeler le regard et l’aide de personne : l’État, au premier chef, serait maintenant aux abonnés absents (1), il n’y a sûrement pas assez d’antennes dans le coin.

Ici, station de métro parisienne Arts et Métiers, 3ème arrondissement, ligne 11 : un espace souterrain de toute beauté, une sorte de Nautilus reconstitué par des artistes, et à la gloire du Conservatoire national du même nom qui se trouve, et se visite, juste en remontant à la surface.

Le métro peut donc être aussi un musée de la misère (ou de la pauvreté).

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(1) Aux dernières nouvelles, d’après France Info, l’Onpes serait « fusionné » avec un autre organisme, tout ceci dans le cadre de la simplification administrative voulue par le Premier ministre.

(« Moteur Vulcain d’Ariane 5, dans la chapelle du musée des Arts et Métiers. »)

(photos prises le 11 novembre. Cliquer pour agrandir.)

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20 réflexions sur “Observatoire personnel de la pauvreté /1\

  1. brigetoun dit :

    une station que j’ai toujoirs aimée, mais une des premières avec petits sièges individuels… dont certains sont déposés comme sont cassés leurs frères des urgences d’Avignon (les plus fringants s’asseyent sur la barre, comme ici il a trouvé place pour s’allonger)

  2. Très belle seconde photo !

  3. gballand dit :

    Il me semble que bientôt, seul 10 % de la population sera à la surface… 😉

  4. jeandler dit :

    Les sièges individuels, la misère universelle

    • @ jeandler : les bancs étaient, pour les passants, des incitations à se prélasser (au nom du « droit à la paresse ») toute la journée au lieu d’aller bosser.
      Le ban et l’arrière-ban des directeurs d’agences de Pôle emploi, sous la houlette de Pénible & Co, s’est mobilisé pour interdire, dans la plupart des « stations » (au nom à changer), ces meubles de confort inadaptés, vecteurs du vice et de l’oisiveté. 🙂

  5. terrible contraste et texte brillant

    • @ colorsandpastels : cette station est peu fréquentée, dommage, elle vaut la visite (le prix d’un ticket de métro, d’un pass Navigo ou de tickets « dématérialisé ») !

  6. Jacques de Turenne dit :

    on remarque à quel point la misère va devenir hygiénique et cuivrée, rutilante presque. Pénible & co sont des bienfaiteurs de l’humanité. Souhaitons leur d’aller bienfaiter très loin d’ici.

    • @ Jacques de Turenne : Pénible & Co rêvent d’un nouveau voyage à Las Vegas, histoire de fuir les miasmes ambiants et pestilentiels du pays (manifs de médecins, infirmiers, étudiants, fonctionnaires, cheminots, salariés de toutes sortes, chômeurs, Gilets jaunes, profs, retraités, pompiers, etc.)… 🙂

  7. Godart dit :

    Gentrification inversée des centres villes. Alarme à l’œil.

  8. Francesca dit :

    Magnifique station, mais station couchée interdite…

    • @ Francesca : dispositif « anti-SDF » avant qu’il ne se répande, stricto sensu, dans les villes où les bancs sont, la plupart du temps, mis au ban… des maires et de leurs équipes. :–)

  9. Robert Spire dit :

    « Un Nautilus reconstitué » à vingt mille lieux des besoins des plus démunis. Je…n’ai mots….

    • @ Robert Spire : même si cette station n’a pas été faite « pour eux », ils peuvent la squatter car peu fréquentée.
      Les dépenses somptuaires de l’Elysée pourraient permettre, vu l’augmentation de son budget, d’ouvrir un abri ailleurs « pour les plus démunis », si le luxe métropolitain vous semble ici quelque peu ostentatoire ! 🙂

  10. […] faudrait presque ne faire que cela : recenser quotidiennement ou repérer au hasard les personnes « démunies », couchées ou assises, de jour ou de nuit (avec […]

  11. […] pourrais compléter, avec l’image ci-dessus, mon Observatoire personnel de la pauvreté, tombé en désuétude – mais il y a tant de […]

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