(Paris, gif du 17 septembre. Agrandir.)
J’aurais voulu faire un éloge furtif de la rambarde (voire de la balustrade) : elle est un guide sur la passerelle, une limite avant que le regard ne s’élance plus loin, mais aussi un sauf-conduit (ou une sauve-conduite) qui nous empêche de trébucher vers le bas, vers l’espace liquide et vert du canal Saint-Martin, hébergeant quelques algues mystérieuses, même si on pourrait enjamber facilement le « garde-corps », plus aisément qu’à la tour Eiffel avec ses dispositifs anti-suicide, histoire de tester si une nouvelle fois Omar, le serveur très sympa du café-restaurant Chez Prune, toujours présent comme garde-fou, se jette à l’eau pour y repêcher un désespéré venant de faire le grand plongeon.
Le canal immobile est comme endormi depuis plusieurs mois, la pandémie ennemie commande : ni bateaux de promenade, ni péniches, ni petits voiliers à moteur de touristes étrangers (les Hollandais aiment voler sur les flots).
Les deux ponts tournants sont désormais interdits à la circulation automobile, et la « piétonnisation » du secteur est en marche. Ici, sur la passerelle pas encore barricadée, on peut traverser d’une rive à l’autre à pied, c’est le cas aussi pour celle qui débouche presque en face de l’Hôtel du Nord, à côté de la rue de la Grange-aux-Belles.
Sinon, un jour, on sera peut-être obligés de nager du quai de Jemmapes à celui de Valmy – sauf si le kayak est soudain autorisé par la mairie – mais on trouve encore, par-ci, par-là, des échelles de fer (destinées notamment aux exercices invisibles des pompiers) pour s’échapper du piège aquatique : tout est prévu, alors tout vague bien.
(Simon & Garfunkel, Bridge Over Troubled Water)
[ ☛ FIN ]
Vivement que nous ne stagnions plus alors si tant est que la baignade nous tente encore.
Joli sujet (et musique)!
@ Delamain : Merci et patientons (j’ignore si le virus est amphibie)… 🙂
Bravo à Omar pour son courage et bravo à vous pour ce texte rafraîchissant comme les eaux vertes du canal, et merci pour ce morceau cher à mon cœur de 15 ans !
@ mchristinegrimard : Oui, le maillot de bain est-il un habillement « normal » (comme dirait notre ministre de l’Éducation nationale) ? Une baignade musicale fait revenir des souvenirs, merci aussi de les ranimer ! 🙂
Naviguer en eau trouble n’est guère tentant… mais merci pour cette musique toujours émouvante malgré le poids des ans. Le canal St Martin sera toujours là pour apaiser nos coeurs ; espérons !
@ Francesca : La Seine se cache quelque part en lui… L’eau rend les villes plus vivables… 😉
ne dites pas « j’aurais voulu faire un éloge furtif », vous en avez fait un bon et beau, qui s’est mué en élégie
@ brigetoun : @ brigetoun : Trop aimable, merci… mais « l’élégie » est vraiment exagérée ! 🙂
tout bruite
et tout s’apaise
en ce lieu
@ dominique AUTROU : Après le soleil, le silence des eaux… 🙂
finies les autos – « il suffit de passer le pont » chantait le poète – on regrette les longues balades tranquilles dans les décapotables charleston – un changement en (fucking) marche en effet (il paraît que not’ bonne maire prétend à la magistrature suprême, ces échos qu’on perçoit hein…)
@ PdB : la rue de Rivoli (que j’ai baptisée rue de Rivélo) est prête maintenant, à n’importe quelle heure, pour les tournages montrant Paris sous l’Occupation…
Quant aux ambitions « présidentielles » de la maire de Paris, il paraît qu’elle s’entraîne déjà à remonter les Champs-Élysée (c’est un faux plat) à Vélib’ ! 🙂
Oh pandémie ennemie ! Mais si on recommence à nager dans la Seine à Paris, et dans une eau propre, on pourra dire que la pandémie a du bon ! Le monde d’après, non ?
@ gballand : Il faudrait faire tester l’eau de la Seine par Jacques Chirac, mais ça va être difficile… 🙂
(Bien d’accord avec Brigetoun … elle l’a dit mieux que je ne saurais le faire)
Geste barrière, garde corps…
toutes ces choses, lois et dispositifs, si salutaires à notre sécurité
au point que parfois le monde semble s’être figé.
@ Aunryz : il faudrait arriver à s’en ficher… mais le corset pandémique avec ses sous-fifres nous étouffe de plus en plus ! 🙂