Étoiles de poussière, toiles cirées, murs lambrissés, tapisseries fissurées, vitres rayées, les marques des jours sont des rides architecturales, des entailles dans le présent ouvrant vers des couloirs sans trop de lumière, sans néons, avec des embranchements inattendus, des croisements improbables, des toits vertigineux puisque faisant semblant de ne pas exister, laissant transpercer le ciel avec componction sur le mince sentier couleur Verdeau, ses nuages immobiles, son soleil moqueur à travers la verrière « en arêtes de poisson », et son obscurcissement inéluctable.
Il reste pourtant le puzzle miroitant des carrelages et des mosaïques, des objets perdus ou éperdus, résistant à la course du quotidien (bornes de l’intangible), et des piétons aventureux ou des affamés de l’instant comme précipités dans un film de rétro-fiction par la baguette magique d’un enchanteur anonyme dont le plan, sans doute machiavélique, serait dissimulé dans un de ces nombreux livres reliés – et non relus – qui patientent sur des étagères pas trop courbées malgré le poids des ans et la déréliction que crée la mélancolie du passage terminal : celui du temps.
(Paris, Passage Verdeau, 9e, 28 août. Cliquer sur les images pour agrandir.)
(Claude Debussy, Rêverie, par Alain Planès)
[ ☛ FIN ]