Cette Pensée de feuilles comme un impensé du manque, nervures mentales, poids de l’enracinement, pages arrachées par l’automne, chute et disparition hivernale, les écrits volent au vent, Guiseppe Penone sculpte l’air dans la forêt éparpillée.
Je repense aux Yeux fermés surmontant l’installation centrale (article d’hier) : comme piqués ou aveuglés par les pointes d’acacia, ils me rappellent aussi Les Yeux sans visage, le film de Georges Franju (1960), et enchaînent directement le regard vers les photos ci-dessous : Rovercciare i propri occhi.
Chez Penone, les métamorphoses du bois se déploient, par exemple comme matériau de construction, et la paume de la main ou la peau deviennent aussi l’écorce d’un arbre humain avec son tronc, ses jambes qui plongent dans le sol et sa tête toute proche de la ramure.
Le bois et le livre sont liés, ici les douze Alberi Libro (Arbres-Livre, 2017) sont creusés en suivant les circonvolutions marquées des ans jusqu’à trouver le cœur caché, la page dissimulée en leur sein : la littérature semble palpiter dans cette étrange bibliothèque en forme de palimpseste.
(Photos : cliquer pour agrandir.)
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