Le grand retournement est lancé. Qu’il s’agisse des Waldarbeiter, de L’homme contre un arbre, du Portrait de Da ou de cet incroyable Paysage industriel, voilà que Baselitz envoie tout promener cul par-dessus tête, comme s’il découpait lui-même les corps, la nature, la ville, pour inverser leur sens dans une giration artistique sans contrôle de la réalité, sans autre guide que les images vécues de l’Histoire (partition de l’Allemagne en 1946, chute du mur de Berlin en 1989) en forme de ciseaux, tenailles et tronçonneuse procédant systématiquement au… sacre de la représentation devenue précisément défigurante.
Le Modèle pour une sculpture manifeste lui aussi – le bras renvoie non pas au salut nazi mais à des figures lobi d’Afrique de l’Ouest – une sorte d’art brut (de décoffrage) où les entailles dans le bois ressemblent à des cicatrices existentielles de plaies toujours non refermées.
(Waldarbeiter, Ouvriers forestiers, 1967-1968)
(Da. Portrait, Franz Dahlem, 1969)
(Fertigbetonwerk, Usine de béton préparé, 1970)
(Industrielandschaft, Paysage industriel, 1970)
(Dreieck zwischen Arm und Rumpf, Triangle entre bras et tronc, peinture au doigt, 1973.)
(Model für eine Skulptur, 1979-1980)
(photos : cliquer pour agrandir.)
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