Dimanche dernier, j’avais rendez-vous avec La Femme de Tchaïkovski (en film). Une belle gageure, réussie, du réalisateur Kirill Serebrennikov, qui se concentre sur l’amour-passion folle de celle qui tombe amoureuse du compositeur russe, si bien représenté et interprété par l’acteur Odin Biron, et deviendra plus tard sa femme pour un temps.
Ce n’est pas un documentaire sur Pietr Ilitch Tchaïkowski, ni sur sa musique (que l’on n’entend que peu), ni la recension minutieuse de son ascension professionnelle : seulement – et c’est beaucoup – la tornade ravageuse qui s’attache à lui en la personne d’Antonina Milioukova, son ancienne étudiante, une manière de symphonie sur un amour impossible, l’élan impétueux et déchaîné qui se heurte à l’homosexualité du musicien, plus ou moins cachée et exhibée dans certaines séquences que le cinéaste, concerné, se plaît un moment à fantasmer dans un tourbillon de soldats n’arborant plus que leur seule casquette et dansant la sarabande.
J’ai repensé à son très beau film Leto (2018), en noir et blanc, sur un groupe de rock mais ici, c’est comme l’inverse qu’il met en scène : le maelström flamboyant d’une liaison (très) dangereuse, l’incendie des esprits et des corps, avec des mouvements de caméra amples et chaloupés, plans délirants et dominants (plongées magnifiques sur Aliona Mikhaïlova, l’actrice impressionnante grimpant aux murs d’une pièce telle une araignée avant de devenir veuve noire elle-même) qui forment une sorte de musique d’images aux multiples contrepoints.
Le film est sorti en Russie en 2022, Kirill Serebrennikov est sorti de Russie fin mars 2023.
La Femme de Tchaïkovski ne peut se laisser oublier.
(Paris, bassin de La Villette, 20 février. Agrandir les photos.)
☞ Métronomiques cesse de paraître à partir d’aujourd’hui, sa publication reprendra le vendredi matin 3 mars. À bientôt !
D.H.
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