Une contribution à L’Agenda ironique du mois d’avril, selon la règle imposée, la date finale de l’exercice étant celle du 26 avril.
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Du chien, du chat ou du pangolin
Tel est un automate en manque d’intelligence artificielle, il sauta dans le vide, les coussinets de ses pattes n’étaient pas faits pour l’hiver et le verglas. Durant sa chute (depuis la terrasse de la tour Montparnasse où il était allé prendre l’air), il revit toute sa vie comme dans un film de Walt Disney.
Les étages se succédaient au ralenti – il aurait voulu essayer l’arrêt sur image – et les souvenirs se ramassaient déjà à la pelle. Et si, tout simplement, s’il s’agissait d’une usurpation ? Dans ce cas, il aurait la vie sauve et il ne s’agirait plus que d’un cauchemar, d’un martyrologue, d’un marché chinois sur les étals duquel on trouve du chien ou du chat ou du pangolin, cette créature diabolique qui fit des siennes récemment dans le monde entier.
La descente n’en finissait pas, un souvenir ancien lui revint soudain, c’était dans le feuilleton radiophonique Signé Furax, un joli mot de passe (bien avant Internet) que s’échangeaient les protagonistes d’une histoire interminable :
– chaviro !
– rotentacha !
– chamipataro !
– rogrillapatacha !
Bientôt, la centrale électrique de Morzy-les-Gaillardes se transformerait pour lui en une sorte de compresseur terminal, mais compte tenu de la brièveté de son existence il s’était forgé une devise pour toujours : « Chat ne mange pas de pain ».
(On peut cliquer sur l’image.)
Texte et dessin Dominique Hasselmann