Ce que j’aime particulièrement, à Morlaix, c’est son viaduc vivant. Que l’on regarde d’en-bas le TGV qui s’y promène régulièrement, ou que l’on survole la ville depuis le train (comme si on atterrissait sur les toits), ce pont basculant dans les airs donne des images de sustentation et de sensations inédites : on est à la fois transporté et aéroporté.
Cette incursion ferroviaire dans l’urbain paraît plus que plaisante, elle donne une élévation au regard à la fois vers le ciel et vers la mer (son port est amarré tout prêt) dans un « va-et-vient » qui rappellerait tout aussi bien les souvenirs d’enfance sur un manège de petits avions qu’une traversée nauséeuse vers les Sept îles avec leurs cormorans peu silencieux.
Pour les Morlaisiens, je suis sûr que le TGV lui-même – semblable de loin à un convoi miniature de marque Hornby – qui apparaît et disparaît selon des horaires bien précis (la plupart du temps), leur sert d’horloge fugitive et remet sans doute, à chacun de ses trajets dans le paysage bleu ou gris, les pendules à l’heure.
(17:55.)
(Morlaix, 26 février. Agrandir.)
(John Coltrane, Blue Train)
D.H.
[ ☞ à suivre ]