Il fallait ensuite se replonger dans ces représentations en noir et blanc des massacres et des tortures que Goya saisit de son crayon comme un reporter photographe avec son Leica. La couleur alors – sauf exceptions – n’est plus de mise : l’affrontement binaire entre le bien et le mal ne saurait prendre de jolies nuances. Les gravures qui composent Les Désastres de la guerre sont autant de clichés (non pas au sens de « déjà vus ») qui rapportent « du front » la folie furieuse ou la barbarie en action.
Goya est un témoin de son temps, il capte, montre et laisse le spectateur face à des événements tragiques. Il semble ne pas intervenir directement, sauf par le choix du sujet, et la condamnation de la situation, même si son absolution est possible, tient dans ce qui accable l’humanité (ou l’inhumanité), ces peuples qui sont soumis à la « stratégie » et aux ordres d’hommes politiques sans scrupules et quoi qu’il en coûte, servis par des ganaches galonnées à leur botte.
(Goya soigné par le docteur Arrieta, 1780.)
(Mariano Goya, petit-fils de Goya, 1827.)
[ ☛ à suivre ]