La Ronde du 15 novembre, initiée par Dominique Autrou et Hélène Verdier, a pour thème aujourd’hui : « Lettre(s) ».
La ronde tourne cette fois-ci dans le sens suivant :
Dominique Hasselmann : Métronomiques
==> Marie-Christine Grimard : Promenades en ailleurs
==> Marie-Noëlle Bertrand : Eclectique et Dilettante
==> Guy Deflaux : Emaux et gemmes des mots que j’aime
==> Dominique Autrou : la distance au personnage
==> Hélène Verdier : simultanées
==> Jacques : jfrisch
==> Franck : à l’envi
==> Giovanni Merloni : le portrait inconscient
==> Noël Bernard : talipo
==> Jean-Pierre Boureux : Voir et le dire, mais comment ?
==> Dominique Hasselmann, etc.
Le tirage sort a donc décidé que j’accueillais ce matin sur Métronomiques Jean-Pierre Boureux, auteur du blog Voir et le dire, mais comment ? : voici sa contribution que je publie ci-dessous avec grand plaisir.
J’ai alors transmis ma propre proposition à Marie-Christine Grimard, qui la publie fort aimablement, et en même temps, sur son blog Promenades en ailleurs.
(cliquer sur le document pour l’agrandir.)
Au pied de la lettre, au propre et au figuré
Rethel 6 floreal an 4
Vous me renderiez service mon cousin
si vous vouliez bien m’acheter a Charleville
Un mord de bride dans la forme
du mord anglais. Le mien est un
peut rude pour mon cheval qui
à la bouche tendre. Vous me
livreriez par la première ocation
Si messieurs nos arbitres ne
veulent pas finir, il faudra brendre
un autre party. Mille choses a
La cousine salut amities
Gorges martinet
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ma femme plaide pour
faire un petit garçon —–
adresse : Citoyen michaux huissier du tribunal a Charleville (figure au verso de la lettre)
Une de ces surprises qui remplit de bonheur, des mots doux dans la lettre. Une lettre du 25 avril 1796 quand la Révolution abandonne certaine férocité venue des extrêmes et transite vers quelque chose de nouveau et plus léger par l’étape incertaine du Directoire.
Pas de difficulté à comprendre ces phrases simples (excepté le passage des « arbitres » et du « party » à suivre, incompréhensible par absence de contexte plus développé) laissées ici dans l’orthographe et la forme du document. On retiendra que ce citoyen Georges Martinet prend soin de son cheval dont il veut éviter une blessure à la bouche par l’emploi d’un « mors anglais (1) », ainsi que de sa femme qu’il souhaite accompagner dans ses visées maternelles. Plaidoirie féminine sans doute suivie, n’en doutons pas, au pied de la lettre !
Heureuses et tranquilles perspectives donc, à Rethel en cette fin du XVIIIe siècle.
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(1) Mors de bride que l’on considère inventé au XIXe siècle et utilisé en attelage.
Document découvert et texte : Jean-Pierre Boureux