Dimanche dernier, un joli soleil augurait bien, dès le matin, du deuxième tour de l’élection présidentielle au bureau de vote situé près du canal Saint-Martin : grand nettoyage, appel au soulèvement parisien, halte à la guerre, rappel historique et ces jolies mosaïques – comme de minuscules bulletins en couleurs – du lieu où le civisme a rendez-vous de temps en temps avec ses adeptes.
Les résultats dans le dixième arrondissement n’exigeaient aucune contestation : À vote bon cœur !, comme si la demande extérieure (directeurs de médias engagés, porte-paroles politiques, figures intellectuelles ou artistiques…) rejoignait la détermination intérieure d’avoir à chasser avant tout la représentante d’un mouvement réactionnaire, raciste, xénophobe, anti-européen, poutinien et complotiste.
Sur le plan national, la fille Le Pen fut renvoyée fissa dans ses buts, dans son pré-carré nationaliste, même si son score atteignait les 41,5 % grâce à sa démagogie sans limites (on n’ose dire « sans frontières » !), surfant sur la colère populaire, et à son maraboutage sans gêne.
Le président Macron, reconduit pour cinq ans avec 58,5 % des voix, n’avait plus alors qu’à s’engager à prendre en compte, de manière concrète, le signal fort qui lui avait été adressé par les Français en la circonstance capitale.
(Paris, 10e, 24 avril. Agrandir.)
(Albert Ayler, Ghosts)