En ayant fait chou blanc pour reprendre du « gazole » dimanche matin, place du Colonel-Fabien (déplacement prévu l’après-midi dans le Nord pour quelques jours, mais il en reste suffisamment dans le réservoir et puis la Belgique n’est plus, une fois arrivé à Bailleul, qu’à 10 km), je découvre à côté de la station-service que la figure de Robert Desnos a été peinte sur ce rideau de fer, normalement levé les jours de semaine.
Rentré chez moi, j’ouvre au hasard un de ses recueils, et je recopie un texte de lui.
La poésie n’est jamais en panne.
(Paris, rue Louis-Blanc, 10ème, 22 mai, 12:21. Cliquer pour agrandir.)
XVII. AU PETIT JOUR
Le schiste éclairera-t-il la nuit blanche du liège ?
Nous nous perdrons dans le corridor de minuit avec la
calme horreur du sanglot qui meurt
Accourez tous lézards fameux depuis l’antiquité plantes
grimpantes carnivores digitales
Accourez lianes
Sifflet des révoltes
Accourez girafes
Je vous convie à un grand festin
Tel que la lumière des verres sera pareille à l’aurore
boréale
Les ongles des femmes seront des cygnes étranglés
Pas très loin d’ici une herbe sèche sur le bord du chemin
Robert Desnos, Corps et biens, Poésie/Gallimard, préface de René Bertelé, 1968, in Les ténèbres (1927), page 135.