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« Stefan Zweig, adieu l’Europe », un film à la hauteur du sujet

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Lu hier après-midi, après avoir vu le matin le film Stefan Zweig, adieu l’Europe, l’articulet de Jacques Mandelbaum dans Le Monde du 9 août sur la réalisation de Maria Schrader. Ce pauvre résumé est précédé de la mention « à éviter ».

Mieux vaut alors se reporter à l’entretien avec Jacques Le Rider publié ici.

Car les périodes cruciales de la vie de l’écrivain autrichien sont dans ce film parfaitement identifiées et représentées, sans jamais tomber dans le chromo ou le mélo avec costumes des années passées soigneusement sortis et rafraîchis des garde-robes cinématographiques.

L’exil de Stefan Zweig hors de l’Autriche (février 1934) pour Londres, New York, l’Argentine et enfin le Brésil, fait de lui un « voyageur sans bagages », sauf ceux qu’il a en tête : son statut de juif, ses hésitations à prendre un parti ferme, son isolement intellectuel, son amour.

Les doutes moraux de l’auteur d’Amok, La Pitié dangereuse, La Confusion des sentiments… apparaissent comme des interrogations à la fois politiques et métaphysiques et sa présence au congrès du Pen Club, en septembre 1936 à Buenos Aires, est une des scènes-clés du film, passionnant de bout en bout quant à l’engagement, nécessaire ou non, des intellectuels face à une situation telle que celle de la montée du nazisme puis de son développement sous forme d’une immense toile d’araignée mortifère.

La cinéaste Maria Schrader embrasse l’ensemble de la vie privée et publique de Stefan Zweig avec rigueur, empathie et discrétion (on regrettera seulement que l’acteur principal ne soit pas tout à fait ressemblant à celui qu’il incarne), et pose à travers différentes séquences, toujours cadrées avec soin, les questions de fond qui aboutirent, le 22 février 1942, à son suicide ainsi qu’à celui de sa femme Lotte, dans la ville brésilienne de Petrópolis.

Ce film à la hauteur du sujet captive parce qu’il sait mettre en lumière la démarche parfois trébuchante et complexe d’un écrivain qui a voulu, par-dessus tout, garder espoir en une Europe future qui pourrait être unie contre les nationalismes et ne connaîtrait plus jamais la guerre : une pensée sans doute folle, peut-être, comme toute idée de paix possible un jour dans le monde.

MK2:3_DH(photos : cliquer pour agrandir.)

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