Le tiers livre et scriptopolis sont à l’initiative d’un projet de « vases communicants » : le premier vendredi du mois, chacun écrit sur le blog d’un autre, à charge à chacun de préparer les mariages, les échanges, les invitations. Circulation horizontale pour produire des liens autrement. Ne pas écrire pour, mais écrire chez l’autre.
La liste des participants de ce mois et la recension de l’exercice sont établies maintenant par eclectante, qui succède à Angèle Casanova, après la gestion d’anthologie qui en fut réalisée par Brigitte Célérier.
Aujourd’hui, j’ai le grand plaisir de publier ici un échange avec Hélène Verdier tandis qu’elle m’accueille très aimablement sur son blog intitulé simultanées.
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Au sol des pas japonais de ciment aggloméré
il faut chasser la terre, la réduire, l’ensevelir
la terre est basse
au mur tout un enserrement de verre-acier
pour un puits de lumière blanche
le ciel est haut
ils étaient trois venus de Sibérie
ou plutôt leurs ancêtres
la steppe est loin
d’autres passaient pas glissés dans le couloir de verre
toujours les mêmes ou peut-être autres encore
sans mot dire
respirant l’air factice la lumière sous filtres
bercés par le bruit de portes battantes
sans le son
au loin parfois le cliquettement des cantines
le grondement assourdi d’une rue
sans un chat
univers vide des lieux d’attente et de passage
quelques plantes vertes desséchées
sur billes d’argile
conversent avec un mur qui un jour fut jaune paille
et couvert de photos d’automne au Canada
sous plexiglas
un garde de la reine tout armuré de rouge
surveille un monde las de trop d’inanité
hors fumées
texte : Hélène Verdier
photo : Dominique Hasselmann