« Faire n’importe quoi qui pourrait indiquer un goût pour la solitude, ne fût-ce qu’une promenade, était toujours légèrement dangereux. Il y avait, en novlangue, un mot pour désigner ce goût. C’était egovie, qui signifiait individualisme et excentricité. Mais ce soir-là, quand il était sorti du Ministère, le parfum de l’air d’avril l’avait tenté. Le ciel était d’un bleu plus chaud qu’il ne l’avait été de l’année, et soudain, la longue soirée bruyante au Centre, les jeux assommants et fatigants, les conférences, la camaraderie criarde, facilitée par le gin, lui avaient paru intolérables. »
George Orwell, 1984 (Éditions Gallimard 1950, Le Livre de Poche, 1967, traduit de l’anglais par Amélie Audiberti, N°1210-1211, pages 121-122.)
(Paris, quais de Jemmapes et de Valmy, 10e, 28 avril. Agrandir les images.)
(Jon Hassell, Long Distance)
D.H.
[ ☞ à suivre ]
beau texte d’Orwell, du ciel de Paris (vous l’envie), des façades et du fleuve mais tendresse pour les tentes, les à la peine
et bon premier mai à vous
@ brigitte celerier : C’est la traduction d’origine, le texte a été « revu » en 2018 et ça donne du « néoparler » à la place de « novlangue »… et autres inventions inutiles.
Bon mercredi férié à vous, quoi qu’en dise Gabriel Attal pour ses féaux. 😉
Contraste d’une solitude choisie, parfois nécessaire, parfois créatrice, et une solitude subie dans l’indifférence. Tout est harmonie, photos, texte, musique, inscriptions murales. Bon premier mai à toutes et tous.
@ Pierre NESTOR : merci à vous et belle fête parfumée ! 🙂
J’aime beaucoup les appareils de terrassement, tranchées et nivellement. Leur lutte est légère et équilibrée. Ceci dit je n’en comprends pas très bien l’utilité ! 🙂
@ Dominique AUTROU : il s’agit uniquement d' »installations » sculpturales destinées au plaisir esthétique des yeux. 🙂
Fluorescence de la misère, merci Dominique pour ce passage qui va avec notre époque.
Bonne journée
@ Rita DR : parfois des traces de (science)fiction qui n’ont évidemment rien à voir avec la réalité !!! 😉
Bel extrait d’un grand livre. Et un Paris à la fois beau et laid, vivant et triste.
@ maudsebier : j’aurais pu aussi choisir un extrait de Paul Auster, mais cela avait été programmé avant… 😦
1984, à lire et relire, donc, même sur les quais, ceux qui nous restent,
ceux de la réflexion et de la liberté, même si parfois il y a une « long distance ». 😉
@ gballand : un livre incontournable sur le totalitarisme et le pouvoir qu’il menace ou a déjà capturé… 🙂