Je n’ai pas testé toutes les « installations » de cette expo – on pourrait nommer certaines d’entre elles qui nous font naviguer dans l’espace de l’abstraction totale… « instellations » – mais cela aurait été matériellement impossible puisque les portes de la perception fermaient à minuit.
Mais la sensation d’être embarqués (notamment grâce aux casques couplés visuels et sonores) dans un monde tri-dimensionnel, un charivari de mouvements souples ou amples, la déconnexion d’avec tout réel connu ou éprouvé ou ressenti, l’emportement du corps dans l’idée, tout cela apportait une émotion ludique, féerique, agnostique ou mystique.
L’art n’était plus apparemment figé comme sur un tableau, même cinétique, tout bougeait, glissait, surfait, déménageait, à la surface des vagues ou des nuages, dans des planètes inconnues, avec des myriades de particules, des êtres bizarres, des rencontres aspirantes, la tête tournoyant d’emblée dans tous les sens et dans tous les sons.
Tout en bas, une vraie voiture, sur la portière avant gauche de laquelle était ventousée une caméra, renvoyait l’image du conducteur-comédien volontaire sur un écran : de quoi mettre en scène son propre film (enfin, juste une séquence !), tandis que le balai d’essuie-glace, supportant une lumière LED, éclairait alternativement le visage du héros, passager furtif, fugitif, d’une histoire d’un soir qui ne sera jamais tournée.
À la fin, en ressortant sur la grande dalle devant la très avenante Maison des Arts de Créteil (seulement 5 € l’entrée pour cette expo), la vie continuait : mouvements corporels à entretenir et déclenchant comme automatiquement des souvenirs musicaux donc qui visent aussi les yeux.
(cette image est différente de la toute première publiée jeudi.)
(toutes les photos peuvent être agrandies.)
(Erik Satie, Gymnopédies 2, par Philippe Entremont)
[ ☛ FIN ]
Métronomiques 