Petit homme, oui, minuscule insecte attrapé dans le filet à papillons des gardiens de l’ordre établi (puisqu’il en faut un), pauvre oiseau sans cervelle qui t’es laissé prendre dans la violence soudaine, l’acte gratuit qui n’a pas payé, l’envie non réfrénée, le désir de meurtre ou de vengeance, l’appât du gain ou de celui des autres, la jalousie ou l’irrépressible envie de consommer qui contamine, petit homme maintenant écrasé par les murs qui se rapprochent de tous côtés de toi comme le « pendule » d’Edgar Poe, tu traînes dans les couloirs, quand on t’y emmène, au travers de ces coursives, mais le navire-day est si loin des côtes pacifiques, tu es surveillé pire que lorsque tu étais enfant – on t’a infantilisé de nouveau, comme par un retour sardonique du temps, tu n’as que des amis bizarres qui trimballent chacun leurs problèmes, comment la prison n’éclate-t-elle pas comme une cocotte-minute avec ce bouillonnement intérieur, tu ne parles qu’aux murs qui restent muets, tu écris dessus comme s’ils étaient une immense ardoise, celle vers laquelle tu montais par l’estrade en classe pour aligner des mots bourrés de fautes d’orthographe, ici il n’y a pas d’éponge pour tout effacer, mais tu peux trouver un crayon ou une craie (il n’y a pas d’instituteur dans la cellule), écrire ou crier c’est souvent la même chose, une phrase suffit et puis tu la relis cent fois, mille fois, c’est une chanson silencieuse à une seule strophe, sans accompagnement de piano, on manque de musique ici, il faut se souvenir des tubes anciens, des refrains scolaires, ou de la Marseillaise, si l’idée en venait, cet hymne du pays des droits de l’homme encagé.
(Photos agrandissables par clic, sauf la dernière qui en enferme une autre à libérer.)
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