Jouets fantasmatiques

(Paris, rue de Lesdiguières, 4e, 15 mars. Cliquer pour agrandir.)

Ils peuvent réapparaître au coin d’une rue, ces jouets fantasmatiques, sans que l’on s’y attende le moins du monde, ils s’offrent de l’autre côté de la vitrine d’un magasin, comme si cette surface transparente était à la fois invitation et interdiction : désir mais impossibilité de la traverser, comme le temps que l’on pourrait remonter à contre-sens, science-fiction vers le passé, l’époque des cours de récréation, le « vert paradis des amours enfantines… ».

Les wagons se croisent, les bus et les voitures dévalent, comme dans une sorte de carnaval agrémenté de la ritournelle d’une petite boîte à musique avec sa manivelle fragile. Ils se mettent alors à tourner dans la tête, c’est un manège où les souvenirs s’auto-tamponnent, où les odeurs de barbe-à-papa et les flonflons de la ducasse forment une mince coulée spirituelle de lave multicolore.

Il me manque la vision d’un téléphérique urbain – Brest en possède un, et Paris zéro (ce n’est pas un funiculaire comme à Montmartre). Mais je me souviens en avoir acheté un, en miniature, à mon fils quand il était petit. Il est rangé maintenant ici, dans un carton avec illustration d’un paysage ressemblant à une montagne en Suisse ; il suffirait que je le déballe, que je l’installe et je grimperais alors dedans d’un simple coup d’imagination.

Ce serait vraiment féérique.

(Paris, rue Marie-et-Louise, 10e, 31 mars. Cliquer pour agrandir.)

(Haydn, La Symphonie des jouets, Allegro.)

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23 réflexions sur “Jouets fantasmatiques

  1. brigetoun dit :

    un joli allegro pour entrer dans le jour – et le souvenir revenu de nous quatre, les enfants, mains et nez collés à une vitrine

  2. Belle idée que celle du téléféérique !
    L’enfant que nous étions ne meurt jamais, même quand le manège du temps tourne…
    D’ailleurs ne dit-on pas « retomber en enfance » quand la roue se met à tourner à l’envers et que les rouages s’auto-tamponnent ? C’est probablement une chance, celle de repartir dans le vert paradis de l’enfance pour oublier les noirceurs de ce monde…

    • @ mchristinegrimard : il est bien, comme vous le dites, de faire de temps à autre cet aller et retour vers l’enfance – comme en téléphérique – pour garder la bonne distance avec le temps présent ! 😉

  3. avec mon grand-père, j’ai joué avec le Märklin …

  4. Francesca dit :

    Jolie vitrine pour enchanter ce début de journée, avec la maison de poupée qui, depuis le 24 août 1978, évoque LVME.

  5. @ Francesca : Georges Perec savait classer et ranger ses souvenirs en commençant par un W (comme wagon)… 🙂

  6. Arlette A dit :

    Pas de frère ni de soeur… des poupées comme il se doit comme il se devait alors et toujours de nos jours les Princesses ne meurent jamais

  7. gballand dit :

    Revigorante, cette symphonie des jouets de Haydn à laquelle vous faites une belle ouverture. L’imagination, il n’y a que ça de vrai, ça vous transforme un paysage politique dément, en une féérie citoyenne 😉

  8. Vous avez fait des heureux d’un coup de baguette magique à remonter le temps

  9. @ colorsandpastels : quelques étoiles scintillaient sans doute hier dans mon cerveau ! 🙂

  10. Alex dit :

    Très tôt, j’ai su lire, et je n’ai pas beaucoup joué, je préférais lire. La bibliothèque rose en édition d’époque de sa création, gravures merveilleuses. Mon frère, par contre, a joué longtemps avec ses petites voitures Dinky Toys, il lui fallait toute la maison pour ses routes, avec interdiction de passer.

  11. @ Alex : normal, les Dinky Toys ont, par définition, toujours priorité ! 🙂

  12. Godart dit :

    Le conditionnel présent utilisé pour le verbe suffir est beau et touchant.

  13. PdB dit :

    (j’ai – en vain- cherché à déceler le reflet de l’opérateur dans la colonne de la vitrine du magasin de la rue marie et louise, mais non) (j’aime bien cette rue Lesdiguières et ce quartier bastille henri 4) bien jolie évocation…

  14. Déballez, déballez donc Dominique : on veut vous y voir jouer avec ce téléphérique !

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