Promenons-nous dans les salles où règne André Derain, ne passons pas une demi-heure devant chaque tableau, gardons une impression de spontanéité et d’instantanéité, les images et les couleurs doivent nous bombarder doucement comme des obus en formes de tubes à peinture et les pinceaux sont peut-être un palimpseste de ceux de la DCA (« Défense contre les aéronefs », créée en France le 1er octobre 1917), le parcours est ici plus pacifique que celui d’une tranchée, celles qui viendront au jour et à l’heure fatidiques ensevelir les camarades tués par « les Boches » et dont sortira vivant Derain comme son ami Apollinaire (blessé à la tête par un éclat d’obus), rêvons encore tranquillement de la plage de Collioure ou d’un pont de Londres, le brouillard ne ressemble pas à un gaz mortel comme plus tard à Ypres (Belgique) en 1915 puis 1917, pourtant « l’art de la guerre » selon Sun Tzu n’est pas aussi délicat que la guerre de l’art, il n’y a donc pas à chinoiser.
(« Madame Derain en vert », 1907.)
(« Samedi », 1913.)
(photos : cliquer pour agrandir.)
[ ☛ à suivre ]
L’explosion de la couleur, les fauves, ça fait tilt, ça plait toujours !
@ Alex: « Explosante fixe » (comme dirait Pierre Boulez, qui n’était pas un peintre)… 🙂
on (ou au moins je) connait moins la période des visages un peu modiglianesques de la fin du billet (précédents tableaux connus au moins en reproduction et aimés depuis longtemps)
@ brigetoun : la mise en valeur de la pipe a dû donner des sueurs froides à la ministre de la Santé, si jamais elle a été voir cette expo… 🙂
En regardant vos photos, je retrouve l’impression étrange que j’avais enfant, qu’un tableau était une fenêtre menant vers une autre époque, un passage qu’il suffisait d’emprunter pour aller la visiter. Ces tableaux magnifiquement colorés donnent envie d’essayer…
@ mchristinegrimard : oui, belle image. Il suffit de s’élancer à nouveau… 😉
Ces tableaux d’avant 14, représentent aussi un témoignage d’une époque, 1900, considérée comme heureuse après la guerre, un paradis perdu jamais retrouvé depuis lors.
@ Alex : oui, témoins impassibles d’un monde qui ignore encore le premier grand cataclysme à venir… 🙂
Miammiam encore encore, surtout après le texte de la dernière photo
@ colorsandpastels : c’est plus facile de laisser parler les spécialistes… 😉
Impressionnant, ce « samedi » !
@ gballand : tous les samedis sont-ils pareils ? 😉
m’étais fait une cure lors de l’expo ChtChoukine
@ Christine Simon : la fondation Vuitton est plus intéressante que son mentor dans le commerce des sacs à deux lettres mais pas à deux balles… (pas vu cette expo !). 🙂
Faire un tour pour se laisser emporter…et y revenir sur le plus attachant ..aime aussi…quant à D C À. ..ne savais pas?
@ Arlette : on a souvent traduit DCA par « Défense contre avions », mais ça datait quand même de 1915 ! 🙂
sûr que cet autoportrait à la pipe (c’en est une) (enfin, non) devrait, par précaution comme celle de Tati (le jacques pas celui de Barbès) il y a quelques années être caviardée (le tabac, quelle horreur !) (magnifiques photos, mais magnifiques objets…) (j’aime bien la vue de Londres, tiens…)
@ PdB : oui, incitation publique à une forme de débauche !
Mais, ô surprise !, il paraît que le ministère de la Santé considère comme légale l’utilisation de certaines cigarettes électroniques qui font… un tabac grâce à une substance peu catholique… 🙂
J’adore la photo de l’atelier. Splendide expo, sobre ds son installation, merci pour la visite. 🙂
@ Anceau : une expo sans prétention autre que la simplicité (et la beauté)… 🙂
Merci pour cette visite dans l’univers de Derain.
@ Domi Amouroux : merci pour votre passage ! 🙂
Votre blog fait partie de ceux que je visite tous les jours depuis assez longtemps.
@ Domi Amouroux : j’aurais dû préciser « merci pour votre commentaire », alors (je sais que vous lui êtes fidèle !)… D.H. 🙂
Frappante analogie entre son Big Ben et la « Nuit étoilée » de Van Gogh, non ?
@ Francesca : les peintres connaissent l’histoire de l’art, comme les écrivains celle de la littérature (enfin, certains)… 🙂
« Comment peindre après tout ce que nous avons vécu, de l’impressionnisme à l’abstrait. » Chapeau bas Mr Derain.
@ Godart : la même question s’est posée pour d’autres artistes et écrivains (comme Primo Levi) après la Shoah…
[…] Merci, Derain [2/3] […]