Ruses imaginaires °3°

(Paris, avenue Parmentier, 10e, 8 septembre. Agrandir.)

Un vélo beau, sinon rien. Elle possède le sien, après avoir essayé et délaissé les Vélib’ uniformes et d’un vert trop acide pour ses yeux couleur de lac des Vosges. Elle l’a ornementé de quelques fleurs au guidon (et d’une selle anti-pluie) afin qu’elle puisse sans doute se rappeler en ville qu’elle est encore à la campagne : mais les meuglements des vaches ont été remplacés par les sonnettes, les klaxons et les insultes.

Le parcours fleuri s’étend devant elle, à chaque tour de roue. Il lui reste à essayer de grimper bientôt les Champs-Élysées – le faire à bicyclette une fois pour s’apercevoir que ça monte réellement depuis la place de la Concorde – mais le Tour de France arrivera avant juillet cette année.

Même si « la plus belle avenue du monde » représente à nouveau l’objectif hebdomadaire des Gilets jaunes, avec l’Arc de Triomphe comme acmée, la jolie vélocipédiste tient dans sa sacoche la chasuble fluorescente qui permet à la fois de manifester sa solidarité avec ceux qui ne payent pas l’impôt sur la fortune immobilière et de se faire repérer par les automobilistes qui osent encore circuler dans Paris.

Pédaler est un plaisir : respirer des fleurs fraîches sous le nez (ici, sur ces deux-roues, pas de masque obligatoire !) durant l’effort rend celui-ci insensible et magique. Une idée marketing à creuser pour les concessionnaires nouveaux de ce type de déplacement qualifié de « doux », juste avant l’imprévu qui pourrait réveiller l’utilisatrice de son rêve mobile ou l’endormir plus brutalement.

[ ☛ à suivre ]

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17 réflexions sur “Ruses imaginaires °3°

  1. brigetoun dit :

    je souhaiteaite que ne survienne pas l’imprévu… serait trop dommage de briser ce rêve

  2. Et oui les villes ne sont pas toujours plates, comme ont pu le voir les amateurs de Tour de France à Lyon, samedi. Il faut de bons mollets pour être dans le vent de l’écologie ambiante. Les autres n’ont qu’à rester chez eux, semble-t-il, surtout en ces temps de menace de reconfinement volontaire…

  3. gballand dit :

    Le vélo-beau – production française – est-il le vélo de l’avenir, celui qui va transformer le monde d’après, celui où l’impôt sur la fortune immobilière permettra d’augmenter l’assurance chômage… ?

  4. Francesca dit :

    Joli vélo, à l’évidence celui d’une nana !
    Pédaler, joie classée parmi celles, nombreuses, que l’âge ne permet plus …

    • @ Francesca : il existe des vélos électriques, mais il est vrai que pour emporter des gros achats, des cartons (voire déménager) ou aller à 300 km… ce n’est pas très pratique… 🙂

  5. PdB dit :

    je me souviens de Mouna …

  6. J’avais vu, dans une gare parisienne (Saint-lazare ?) des sortes de vélos… de gare (près des romans du même nom, d’ailleurs) qui permettaient de recharger son portable en pédalant, immobile. J’en avais nourri une intelligence avec les culs-de-jatte, qui ne bénéficiaient pas du même gadget, adapté pour les bras…

    • @ Dominique AUTROU : Ça existe dans de nombreuses gares et on se demande pourquoi les Velib’ (vu le comportement téléphonique en roulant de certains d leurs utilisateurs) ne sont pas équipés de prises ad hoc ! ……….=………..
      Mais on pourrait aussi demander aux automobilistes sur les autoroutes, quand ils voient une éolienne qui ne tourne pas (manque de vent, c’est bête !), de se garer sur la BDU et d’aller pédaler à son pied : un effort civique pour les énergies renouvelables ! +/=/+

  7. Aunryz dit :

    Tiens 😉 !? … pourquoi ?
    Dans la rando de dimanche (beaucoup de jeunes (mon âge -35) j’étais le seul à avoir une fleur (trouvée sur le chemin) plantée dans mon bonnet.
    (Je ne suis pas une nana 😋)

    Mais oui, je me rends, tu as les stats avec toi
    le joli vélo que Dominique a capturé pour nous… e molto carino

  8. Désormière dit :

    Là-bas, de l’autre côté, bien campé sur son engin, casqué, masqué, il longe l’enchevêtrement des machines mâles.

  9. […] Mouna (spéciale dédicace au commentaire chez le Chasse-Clou hier et ses ruses imaginaires) (en juillet 1984 devant la grande maison- centre pompide) – je […]

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