Archives du 17/01/2015

L’effusion des sentiments, un soir de janvier

Pendant et après la grande marche du 11 janvier 2015 à Paris – même si certains estiment déjà que tout va retomber comme un soufflé et que la politique normative et restrictive (des libertés ?) va reprendre ses droits – on respirait comme un air nouveau, un air de printemps (paradoxalement), et près du canal Saint-Martin un couple s’embrassait.

L’effusion des sentiments, un soir de janvier, la concordance des attirances : le monde extérieur n’existait plus (mais hélas pour dix-sept personnes jamais plus), la terre pouvait continuer de tourner, l’eau de s’écouler, les voitures de rouler, la nuit de s’étendre langoureusement.

L’amour est un puissant neuroleptique, un adorable philtre magique (il change même la coloration des images), un redoutable gaz lacrymogène. L’oubli importé lors de cet instant d’éternité semble fugace mais c’est de sa brièveté apparente que naît son intensité.

Comme pour tout événement qui nous dépasse et nous emporte, le temps est ce vecteur complice qui nous blesse et nous ravit tout à la fois. Ceci a bien eu lieu, notre mémoire en a été marquée et imprimée, impressionnée, et sa forme acquiert alors une concrétion spirituelle et forte dont rien ne saurait désormais nous séparer.

Effusion1_DH

Effusion2_DH(Photos prises un soir de janvier. Cliquer pour agrandir.)

(Ibrahim Maalouf, True Sorry)

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