La première photo, je l’ai prise, hier à Paris en fin de matinée, à cause de l’arbre qui cherchait à cacher Les Philosophes : le garçon de café, en tenue folklorique, m’a fait inévitablement penser à la description – comme personnage jouant ce rôle en terrasse – qu’en fait Sartre dans L’Être et le néant. Et je me suis demandé si ce n’était pas, en réalité, un simple clin d’œil de Malebranche (rue du Trésor, 4e).
La deuxième photo, parce que j’ai aimé cette douce lacération du visage, et comme si on apercevait l’empreinte ADN des quatre doigts de la main géante qui l’avait pratiquée sûrement de nuit (rue dans le Marais, 4e).
La troisième photo, c’était en revenant du BHV et j’ai remercié la RATP de nous indiquer maintenant si gentiment le jour de l’année dans lequel elle nous transporte (rue des Archives, 3e), comme dans un rêve avec quelques secousses.
La quatrième photo – après avoir emprunté, à pied, l’après-midi « sous une pluie diluvienne » (j’adore cette expression), la rue Bichat (10e) sans son large trou qui ouvrait jadis l’espace, désormais bouché par les énormes bâtiments qui escaladent le ciel de jour en jour – je l’ai vue avec cet autre arbre, tout droit et fier dans son statut de résistant de l’autre côté des barreaux (rue Saint-Maur, 10e).
(Toutes ces photos sont agrandissables, selon le père Noël informatique.)
(Miles Davis, Four)
et nous aimons nous les légendes (ah Malebranche, mais aussi la poésie qui ricoche d’image en image) et les photos
@ brigetoun : les ciels n’étaient pas à l’unisson des vôtres !
Elles sont chouettes, tes photos, toutes ensemble, arpentant la ville.
@ Brigitte Giraud : je ne viens pas souvent – pardon ! – voir les tiennes comme tes vidéos et tes poèmes…
Beau cadrage pour la première qui a l’art de suggérer…
@ gballand : même si j’en ai trop dit…
Pas trop dit, non, il faut quand même quelques pistes pour suivre ces chemins ; d’autant que pour certains… c’est le Pérou !
@ Francesca : j’avoue que c’est un peu abscons ou abstrus… 🙂 D.H.
L’arbre cache toujours la forêt des philosophes.
@ alainlecompte : Onfray parfois pour rien…
Maintenant, la RATP date nos photos. Ce qui vous condamne par un geste perecquien a prendre la même photo, sous le même angle chaque 19 décembre et ceci ad vitam aeternam.
@ Godart : mais si on prend la photo en bougeant volontairement pour aller dans le flou, on efface tout repère(c)…
Oui, on peut tenter d’épuiser le lieu, mais on sera épuisé avant la vie éternelle…
@ Francesca : ce qui compte, c’est la « tentative » (comme dirait Perec que tu connais sur le bout des ongles)…
On a furieusement envie de s’asseoir à la terrasse de ce café pour y disputer de philosophie – avec le groupe de Sartre ou de Malebranche ? – sans doute pas le même jour ! – l’arbre semble très heureux de ces joutes oratoires, et en bon philosophe, il en fait la synthèse.
@ Alex : Il laisse même tomber à terre les feuilles de son compte rendu journalier…
les incommensurables tentatives de cette régie inepte pour faire dans la communication feraient rire s’ils n’étaient si ridicules hein… (mais Miles, quelle merveille à la puissance 4)
@ PdB : Miles four you. 🙂
@ DH : Et le vent va balayer tous ces trésors de l’esprit … Dans la rue du Trésor…
@ Alex : peut-être…
il n’y a guère plus tendus que les arbres, à la pointe de la recherche du ciel
@ annaj : ou les avions à réaction qui l’inscrivent en blanc…
avions philosophiques… yes why not?
@ annaj : des avions ➤➤➤➤ en papier ou numériques… 😉
Au-delà de cette foison philosophique, je vois surtout quelques branches désespérément tendues vers la lumière si rare entre les murs, et leurs feuilles qui ont fini par rendre les armes.
@ mchristinegrimard : Oui, mais ces feuilles reviendront (si les arbres ne sont pas abattus pour cause d’élagage… de la vue ou projet immobilier) !