Il se terminait dimanche dernier, ce Festival international EXIT, à la Maison des Arts de Créteil, et on y a fait un saut juste la veille au soir.
Le parking souterrain débouche juste à côté (à l’autre bout de la grande dalle) du vaste bâtiment où se tient l’Expo Home Cinéma consacrée du 26 mars au 5 avril aux créations qu’engendrent ou suscitent les nouvelles technologies numériques : smartphones, films, vidéos interactives ou génératives, « réalité virtuelle » sous toutes les coutures, son spatialisé, musiques célestes ou infernales, approches combinatoires et lumineuses (lumière noire, parfois) de paysages ou de spectacles inouïs dans lesquels se fondre, émerger, inventer et nager jusqu’à l’autre rive.
Dans un espace immense où circuler librement, sans vigiles menaçants, avec pour chaque « installation » des hôtes et hôtesses charmants et au courant, on pouvait découvrir l’ensemble d’univers inconnus semés au fil de la progression.
Plongée dans un bain sonore aux multiples sources, expérimentation de casques à vision « interstellaire », enfermement dans une cabine avec chaleur digne d’un sauna et siège vibreur, autant de pas, de bonds, d’élans hors du quotidien, parenthèse à la fois poétique et progressiste vers d’autres visions, auditions, sensations comme rassemblées, synthétisées dans un lieu à l’aura indéfinissable.
(séquence extraite de Shining, Stanley Kubrick.)
(toutes les photos peuvent être agrandies.)
[ ☛ à suivre ]
oh le plaisir qui m’est venu d’instinct, revenu de tant de curiosités passées, en lisant « le festival EXIT » et me suis retrouvée dans le hall, devant le bar à droite, parce que c’est un des rares théâtres qui servent un café buvable, et puis tournant autour de la fosse centrale, en attendant de découvrir
@ brigetoun : les salles, avec la mezzanine, les couloirs, les recoins… forment un ensemble labyrinthique vraiment extra.
Super balade, merci à vous. Une autre aujourd’hui « dans un bain sonore aux multiples sources » à 13h aux Gobelins.
@ pascale : vous parlez du cinéma pour aveugles ?
Non, au film « marche contre l’austérité » avec slogans et sans publicités.
@ pascale : il faut espérer que cette manif bénéficiera d’une large « audio-description » (même si sur Radio France ça va être délicat)… Mais la politique est parfois difficilement décryptable. D.H.
L’homme moderne a besoin de connexions, vivant de plus en plus seul au milieu de la foule. Tous ces objets lui procurent des sensations réelles à partir de technologie virtuelle. Il se promène dans la jungle ou sur la lune ou dans la Rome antique. C’est fascinant à condition de ne pas oublier de vivre sa propre vie quand on sort de l’écran, tel qu’en soi-même, et de sourire à son voisin réel quand on le croise dans la rue.
Resterons-nous humains derrière nos écrans ?
@ mchristinegrimard : il faut transpercer les écrans (mais il est heureusement impossible d’oublier que nous sommes en vie).
À force de rester bouche béé devant cette prodigieuse et … fabrique des illusions, nous perdons peur-être la conscience de la distance qui augmente entre les peuples qui ont accès à des technologies théoriquement «avantageuses» et les peuples qui, au contraire, régressent dans l’immobilisme et la misère physique et morale. Entre ces deux réalités aucun échange tangible ne se met en place, aucune prise de conscience d’un éventuel dénominateur commun à rattraper.
Je vois ce « gap » inexorable même entre la France et l’Italie.
Sans renoncer à aimer les petits progrès tout à fait innocents qui peuvent améliorer notre quotidien, il faudrait s’indigner de cela !
Mais le discours est long et difficile…
@ biscarrosse2012 : Il est difficile de comparer les civilisations qui se côtoient au même moment : certaines se croient « en avance » alors que d’autres sont attaquées par rapport à leur passé historique.
Les nouvelles technologies n’obligent pas à l’admiration béate : la 3 D est pourtant bien utilisée en architecture ou pour la conception industrielle de produits qui peuvent être utiles (des voitures, des avions, des bateaux…).
Ici, il s’agit d’une sorte de voyage dans des univers imaginaires, ce qui ne saurait effacer la conscience politique que l’on peut avoir de ce qui se déroule dans d’autres pays, souvent hélas en proie à l’éradication de leur propre culture (« l’Etat islamique » vient d’inventer la destruction cybernétique temporaire d’une chaîne de télévision), et avec des moyens paradoxalement « modernes » : bulldozers, perceuses électriques, etc.
L’indignation ne suffit pas : il s’agit d’un problème de culture (un rêve d’humanisme) à diffuser avant que la barbarie ne l’emporte – ce qui ne serait plus un simple jeu !
Photo n°3 : dire à Danny de tourner à droite pour la suite de l’exposition, comme indiqué mais surtout pas à gauche où l’attendent… les jumelles. Brrr !
@ Francesca : en effet, la Gradyation menace !
Bonjour les nouveaux jouets irrésistibles de l’homme moderne, pour lesquels on va jusqu’à se ruiner !
Cependant, les Grecs et les Romains ont gouverné le monde, sans rien de tout cela.
@ Alex : les Grecs et les Romains créaient et possédaient leurs propres jouets (car comment vivre sans ?), leurs dés et leurs jeux – même si cela a tourné au cirque pour ceux à qui un César décréta qu’il fallait leur donner avant tout « Panem et circenses » !
@DH: les Romains avaient aussi l’armée permanente du Rhin et du Danube – et on obtenait le statut de citoyen romain qu’après plusieurs années de service militaire –
@ Alex : la guerre était aussi une sorte de jeu, surtout pour ses stratèges ! D.H.
Ne bouder aucun des plaisirs qui nous mènent à tous les imaginaires. La lecture de l’odyssée et les images virtuelles, le Colisée et le cinéma immersif, le choc devant un tableau de Rembrandt et les sensations inconnues de l’interaction. Vivre sa vie, c’est cela aussi.
@ Désormière : d’accord avec vous… Il faut simplement souhaiter que chacun puisse bénéficier de ces technologies dans leur aspect pacifique !
@ Biscarosse : nous avons maintenant un accès prodigieux à toutes les formes d’art, et compléter au fur et à mesure – comme il est délicieux de revoir un peu de Rembrandt ou de peinture romaine sans avoir à se déplacer – connaître les nouveaux et revoir les anciens artistes – idem pour la musique – la mémoire de notre patrimoine sur internet, sans bouger de sa chambre !
Mais l’esprit de contradiction veut annihiler ce rayonnement prestigieux, la guerre des intelligences.
@ DH : les dés :
En Inde, le Mahabarata (leur guerre de Troie, même époque), s’est déclenchée à cause d’un jeu de dés passionnel, où les 2 adversaires ont été jusqu’à jouer leur royaume !
En Grèce, Aristote propose de jouer aux dés l’élection d’un homme ou d’un parti politique, lorsqu’il y a ballotage .
« Un coup de dés jamais n’abolira le hasard » ?
@ Alex : Mallarmé et la Kalachnikov, ça faisait deux ! 🙂
@ MChristineGrimard : très judicieuse observation; il faut prendre le temps d’absorber ces masses d’informations, et comme un repas il faut aussi prendre le temps d’assimiler.
Savoir aussi se vider l’esprit, par exemple devant l’Ocean, avec le Tout et le Rien.
Pour retrouver le qui suis-je authentique.
[…] (cette image est différente de la toute première publiée mercredi.) […]