Gare du Nord avec attraction magnétique

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L’atmosphère des gares, quand elles ne ressemblent pas à des aéroports, recèle toujours un espace de sensations en partance, joie ou tristesse, retrouvailles ou adieux, début ou fin (on achève bien les chevaux électriques), danse tournoyante sur le quai comme dans un film de Claude Lelouch, odeurs de fer et de limaille – attraction magnétique de la gare du Nord – passages d’inconnus, chacun suivant sa voie, aiguillages mêlés des piétons (Léon-Paul Fargue, spécialiste capital), baisers échangés, la foule n’existe plus, l’instant soudain immobilisé, on dirait une photo vivante, les lampadaires éclairent les rails, il est seize heures quatorze, le TGV approche, arrive lentement, il regagne sa maison, il ralentit et stoppe avec délicatesse devant le butoir, le conducteur ouvre la fenêtre de sa cabine, il a conduit à lui seul près d’un millier de personnes à bon port et certains estiment toujours que c’est un privilégié, mais les amoureux continuent de s’embrasser : qu’importe l’horaire, l’horloge, la montre, la trotteuse, le temps a été défait par la passion d’un soir.

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GDNord4_DH(Photos prises le 23.12, gare du Nord à Paris. Cliquer pour agrandir.)

(John Coltrane, Blue Train)

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14 réflexions sur “Gare du Nord avec attraction magnétique

  1. brigetoun dit :

    ai bien fait d’arrêter une minute les petites corvées
    ai trouvé ici de quoi nourrir rêverie douce amère avec Fargue, vous, le TGV – euh un train autre aurait fait l’affaire – et Coltrane

  2. Alex dit :

    Leon-Paul Fargue, le livre était chez mes parents, ado je l’ai lu, c’était envoûtant, avec de belles illustrations. On pouvait rêver, on n’avait pas la télé avec ses films policiers stressants.
    Léon -Paul Fargue, poète et piéton. Votre rappel est un cadeau de Noël.

  3. Francesca dit :

    Quel bel hommage ! Tant au poète qu’au conducteur de train.
    Au temps où, à l’arrêt du train, le chauffeur enlevait ses lunettes pour découvrir deux ronds de peau claire dans son visage noirci, mon père m’emmenait le saluer et le remercier du voyage. Avant le départ, on avait assisté aux menus mais essentiels travaux de préparation de la locomotive à vapeur dont les essieux étaient minutieusement graissés à la burette.
    « Je vous parle d’un temps que les moins de vingt ans… »
    J’aime les trains.

  4. le train train quotidien d’une gare est toujours un émerveillement de gamin pour qui sait voir…

    • @ Julien Boutonnier : j’ai toujours imaginé, avec admiration, le pilote seul dans sa cabine (jamais de co-conducteur comme dans un avion !) et les pensées qu’il pouvait avoir pour les passagers qu’il emmenait à sa suite…

  5. annaj dit :

    la gare. le train, vaste domaine poétique, merci du petit voyage

  6. gballand dit :

    Il faut dire que la gare du Nord a été refaite et ce coup de jeune lui sied bien. De bien belles bêtes que les TGV, mais ils écrasent un peu les autres 😉

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