Clark Terry dans l’oreille

Quand j’ai appris dimanche la mort du trompettiste de jazz Clark Terry, je ne fus pas terrifié, simplement attristé, et j’ai lu l’article rythmé, dansant et ironique du cher Francis Marmande dans « Le Monde », cela consolait des pitreries couturées de Jean-Paul Gaultier, deux jours avant, lors de la cérémonie des césars. Le souvenir du film Timbuktu, œuvre digne et forte, récompensée à juste titre, contrastait avec cette pauvre guignolade.

Trompette ou bugle ? Question de souffle, de « pistons » comme le dit notre critique, fin connaisseur du jazz et contrebassiste à ses heures gagnées.

« Big Band » dans le ciel, pourquoi pas ? Est-il innocent ou hasardeux que les anges souvent représentés sur les illustrations liturgiques et ecclésiastiques embouchent de longues trompettes qui ne semblent pas du tout bouchées ?

Dans la liste alphabétique des musiciens adeptes, anachorètes ou prosélytes de cet instrument, Clark Terry voisine logiquement avec Erik Truffaz : beau compagnonnage.

La vie ressemble à un orchestre – parfois on dirait qu’elle manque simplement d’un diapason ou d’un métronome. Il faut garder Clark Terry dans l’oreille.

Apparences_DH(Place de l’Hôtel de ville, Paris, hier. Cliquer pour agrandir.)

(Clark Terry, Stardust, 1967)

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21 réflexions sur “Clark Terry dans l’oreille

  1. brigetoun dit :

    et oublier ceux qui ne savent pas trouver la justesse
    merci j’écoute

  2. Désormière dit :

    Je me pose la question : les apparences ont-elles une perspective ?

  3. francisroyo dit :

    une trompette dans la nuit

    tristesse

    • @ francisroyo : son solo est vraiment spécial (je pense que la sonorité du bugle est un peu moins veloutée que celle de la trompette).

      • faux.. Dominique, la sonorité du bugle est connu pour avoir  » un timbre doux, moelleux, poétique » moins claironnant que la trompette, selon le dico du jazz et l’avis des amateurs

        @ Chesnel Jacques : j’aurais dû préciser « trompette bouchée » (ou à sourdine). Il est vrai que je n’y connais rien et ne suis pas « amateur ». D.H.

      • le plus bel « exemple » de la sonorité du bugle : MILES DAVIS dans « Sketches of Spain »

        @ Chesnel : c’est qui, Miles Davis ? 🙂

        Je te signale (mais tu ne saurais l’ignorer !) que dans les deux séances d’enregistrement de cette œuvre, que je crois avoir entendue une seule fois et par un pur hasard, ce « trompettiste » ne joue pas que du bugle. D.H.
        => « Musiciens
        Titre 1 : Enregistré le 20 novembre 1959, Columbia 30th Street Studio, New York
        Miles Davis (tpt, flh); Ernie Royal (tpt); Bernie Glow (tpt); Taft Jordan (tpt); Louis Mucci (tpt); Dick Hixon (tb); Frank Rehak (tb); Jimmy Buffington (frh); John Barrows (frh); Earl Chapin (frh); Jimmy McAllister (tuba); Al Block (fl); Eddie Caine (fl); Romeo Penque (oboe); Harold Feldman (oboe, cl); Jack Knitzer (bssn); Janet Putnam (harp); Paul Chambers (b); Jimmy Cobb (d); Elvin Jones (perc); José Manguel (perc); Gil Evans (arr, cond)

        Titres 2-5 : Enregistrés le 10 mars 1960, Columbia 30th Street Studio, New York
        Miles Davis (tpt); Ernie Royal (tpt); Bernie Glow (tpt); Johnny Coles (tpt); Louis Mucci (tpt); Dick Hixon (tb); Frank Rehak (tb); Jimmy Buffington (frh); Joe Singer (frh); Tony Miranda (frh); Bill Barber (tuba); Al Block (fl); Harold Feldman (fl); Danny Bank (bcl); Romeo Penque (oboe); Jack Knitzer (bssn); Janet Putnam (harp); Paul Chambers (b); Jimmy Cobb (d); Elvin Jones (perc); José Manguel (perc); Gil Evans (arr, cond) »

        (source : http://bit.ly/1GpaCwh)

  4. @ Jan Doets : je vois que tu as eu la même idée ce matin, sur ton blog !
    Mais je n’ai jamais, hélas, rencontré Clark Terry…

  5. Alex dit :

    « Les notes que l’on ne joue pas sont aussi importantes que les notes que l’on joue. » (Count Basie)

    • @ Alex : Heureusement qu’il n’a pas mis intégralement en pratique cette formule ! 🙂

      • Alex dit :

        @ DH : au théâtre et encore plus au cinéma, les silences bien dosés sont aussi éloquents que les paroles. Comme dans la vie de tous les jours, particulièrement en politique.

        @ Alex : … D.H.

  6. Alex dit :

    Vu le look débraillé de notre Jean-Paul Gaultier, dans la ligne partie de jambes à quatre, qui commence à être démodée à la télé et chez les jeunes.
    Ce qui me choque, sa chemise, pourtant certainement sur mesure, est mal coupée, et n’est pas faite pour être portée sous une veste.
    Pas facile d’avoir l’air d’un clown ! A chacun son métier.

  7. Francesca dit :

    Sidérée aussi par le jeu de jambes (cuisses…) de Marilou Berry qui a cependant bien assumé !

    • @ Francesca : bof !…

      • Alex dit :

        @ Francesca et DH : c’est un look très minimaliste… Et misérabiliste… Incongru pour un gala où les actrices recherchent les robes longues plutôt voyantes…

        @ Francesca et Alex : quand le ridicule se découvre, c’est par le cul démagogique qu’il croit pouvoir se mieux se faire remarquer. D.H.

  8. Sorcière dit :

    Pour dépasser les apparences il faut encore être sensible aux vibrations et y trouver une ré(rai)sonnance personnelle consonante.
    Tout est vibration, non ?
    Sinon les vibrations des trompettes de Jéricho peuvent faire tomber des murailles et celles du « pas de l’oie » sur un pont peuvent l’effondrer aussi.

    J’ai trouvé ce solo caressant et « velouté » en effet …

  9. Merci pour cet hommage qui nous vaut ce grand plaisir velouté à écouter en B(o)ugle les yeux clos !

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